Marcel Côté le reconnaît d'emblée, il a de la difficulté à résumer sa pensée en quelques phrases percutantes. Et ce ne sont pas les deux sondages dévastateurs pour lui qui vont y changer quoi que ce soit, précise-t-il en entrevue éditoriale à La Presse.

«Des clips, je ne suis pas bon là-dedans. Quand je regarde le débat à Radio-Canada, où je n'ai pas mal fait, je me demande si c'est comme ça qu'on veut choisir un maire. Quinze one-liners, c'est-tu comme ça qu'on choisit un maire?»

Son message à lui, l'économiste qui se présente à la mairie à l'âge de 71 ans, c'est de révolutionner la gestion de la Ville de Montréal. Pas de grands projets pharaoniques, pas de symboles qui frappent l'imagination, d'abord une «simplification des processus» pour rendre la Ville plus efficace.

«Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi mal géré, d'aussi archaïque. Une organisation qui a 11 directeurs généraux en 12 ans ne peut pas être en santé. C'est évident qu'il y a de la corruption dans cette organisation-là, s'il n'y a personne pour dire que ce n'est pas comme ça qu'on gère.»

Pas le temps de rêver

Il se dit convaincu qu'en «analysant les processus», notamment celui du budget, «on se rendrait compte probablement qu'il y a trois fois trop de réunions, qu'il n'y a pas d'imputabilité. Je suis confiant qu'on va trouver redondants le tiers des postes de la haute direction de la Ville. Et peut-être la moitié".

Fidèle à lui-même, il refuse de résumer sa «révolution tranquille» aux centaines de millions que les contribuables montréalais pourraient économiser. «Non, ce n'est pas le but. Le but est de simplifier l'organisation et après ça, les économies vont arriver. Je suis certain que ça va être dans les 5%, juste à collaborer mieux et à mieux planifier.»

Quand on lui reproche de ne pas faire rêver les électeurs, il réplique qu'il a écrit des centaines de pages sur «le rêve de Montréal». «Mais actuellement, le problème de Montréal, ce n'est pas le rêve.»

Un sondage qui fait mal

Malmené dans les deux sondages publiés jusqu'à maintenant, qui lui accordent 17% et 11% des voix, Marcel Côté se défend d'abord en doutant de leur exactitude. «Regardez soigneusement les sondages... Ils ont peur, les sondeurs, ils se protègent bien. C'est volatil et on ne connaît pas le taux de participation. Je peux vous dire qu'un taux de participation bas me favorise, beaucoup.»

Mais autant il est allergique aux «clips», autant il se refuse à parler la langue de bois. Il reconnaît finalement que le dernier sondage CROP a fait mal. «C'est sûr qu'en circonstance normale, tomber comme je suis tombé, j'aurais fait un "X". Mais je le vois dans le porte-à-porte, les gens viennent me voir, je dis non, je vais continuer à me battre, avec la même énergie, le même enthousiasme. J'en ai vu, des crises, dans ma vie. Ça ne m'inquiète pas et je dors très bien le soir.»

Avec la même candeur, il avoue avoir appelé sa banque dès qu'il a vu les résultats du sondage CROP qui ne lui accordaient même pas 15% des voix, le seuil pour être admissible à un remboursement de ses dépenses électorales. «J'ai négocié avec la banque, quand j'ai vu les résultats hier. [...] On a sorti sur notre emprunt 245 000$, la banque est exposée pour ça. Si je n'ai pas le 15%... Mais je pense que je vais avoir le 15%.»

Sa stratégie, révèle-t-il, a été de «s'occuper des gros arrondissements», ceux qui rapportent beaucoup d'électeurs et de sièges de conseillers. Encore une fois, il s'éloigne de la rectitude politique dans ses explications. «Quand je me suis présenté, j'ai quand même regardé la géographie de Montréal. Je ne me suis pas préoccupé d'Outremont, je ne me suis pas préoccupé d'Anjou. Je me suis préoccupé de NDG, je vais gagner gros avec Russell [Copeman]. Hochelaga-Maisonneuve, je vais gagner gros. J'ai un grand défi dans Saint-Michel.»