Marcel Côté termine la course à la mairie avec la caisse électorale la plus garnie. Sa Coalition Montréal dit avoir récolté 372 000$ au cours d'une campagne électorale où le flot de dons s'est tari.

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Jusqu'à récemment, les listes de donateurs rendues publiques par les quatre partis à Montréal indiquaient que le parti de Richard Bergeron, Projet Montréal, avait récolté le plus de dons, soit 247 000$. Mais voilà, Coalition Montréal a indiqué vendredi avoir pratiquement doublé sa cagnotte au cours du mois d'octobre. Le parti n'a toutefois pas soumis de liste de donateurs, la plus récente datant du 4 octobre.

Équipe Coderre a pour sa part dévoilé hier qu'elle avait reçu en tout 336 000$ depuis le début de la campagne. La formation a rendu publiques vendredi les contributions amassées lors d'une activité de financement tenue le 15 octobre dernier, au Palais des congrès. Lors de cette seule soirée, le parti de Denis Coderre a reçu pas moins de 280 000$. La formation dit en effet avoir vendu 2800 billets à 100$ pour cette activité de financement.

Est-ce l'effet de la commission Charbonneau, ou encore de la baisse du plafond des dons de 1000 à 300$ au municipal? Quoi qu'il en soit, les données compilées par La Presse montrent une baisse des contributions à Montréal. Les principaux partis ont reçu à eux quatre un million de dollars en dons depuis le début de l'année, contre plus de 1,5 million en 2009.

Une compilation des dons dressée à partir des listes publiques de donateurs indique que Denis Coderre s'est imposé auprès des résidants des anciennes banlieues de Montréal. Les contributeurs du centre de l'île ont quant à eux été plus généreux avec Projet Montréal, bien que Coalition Montréal ait aussi récolté d'importants appuis dans ces quartiers.

Les dons récoltés par les troupes de Marcel Côté en octobre, mais dont la liste n'a pas été rendue publique hier, pourraient toutefois avoir fait pencher la balance en leur faveur dans plusieurs secteurs de l'île.

Le parti de Mélanie Joly, le Vrai changement pour Montréal, n'a quant à lui pas réussi à s'imposer comme le principal bénéficiaire des dons dans un seul arrondissement.

Joly séduit les néophytes

La Presse a poussé l'exercice en comparant les donateurs des quatre principaux candidats à la mairie de Montréal à ceux contribuant aux caisses des partis provinciaux et fédéraux. Là encore, les dons récoltés par Coalition Montréal en octobre pourraient changer la donne. Nos recherches démontrent qu'au moins un donateur sur cinq à l'élection municipale de Montréal contribue également à Québec ou à Ottawa.

Fait à souligner, Mélanie Joly est la seule des quatre principaux candidats à se passer pratiquement de l'aide des donateurs provinciaux ou fédéraux. À peine 5% de ses contributeurs ont soutenu dans le passé un parti à Québec ou Ottawa.

«Ça veut dire que ses donateurs sont beaucoup plus jeunes. En ce sens, elle représente un changement, constate la professeure Danielle Pilette, spécialiste en affaires municipales. Mon hypothèse, c'est qu'elle s'adresse à des gens qui, sinon, ne voteraient probablement pas. À cet égard, elle est très utile parce qu'elle mobilise des gens que la politique intéresse plus ou moins. Elle s'adresse aux néophytes.»

Les données compilées indiquent que les partisans libéraux, tant provinciaux que fédéraux, ont principalement appuyé la candidature de Denis Coderre. La liste des donateurs d'Équipe Coderre contient d'ailleurs les noms d'anciens ministres du Parti libéral du Québec, comme Line Beauchamp, Raymond Bachand et Christine St-Pierre.

De leur côté, les partisans péquistes ont semblé davantage divisés. Coalition Montréal, qui s'est alliée aux troupes de l'ex-ministre péquiste Louise Harel, a récolté le plus important appui financier chez les souverainistes, mais Projet Montréal la suit d'assez près. Équipe Coderre a tout de même réussi à séduire un noyau de donateurs péquistes.

Les contributeurs de Québec solidaires et du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont eux aussi été nombreux à s'investir dans la campagne à la mairie de Montréal, se rangeant derrière Projet Montréal. La professeure Danielle Pilette voit d'ailleurs un parallèle entre les quartiers qui ont voté davantage pour des partis de gauche aux dernières élections et ceux où les troupes de Richard Bergeron font de bons scores.

«Si on prend la vague orange à Montréal, ce sont les mêmes territoires que ceux de Projet Montréal. La gauche est très localisée à Montréal et ces gens sont vraiment des militants», souligne cette spécialiste des affaires municipales.

Pour sa course à la mairie, Projet Montréal a d'ailleurs recruté comme directeur de campagne Raymond Guardia, l'un des artisans de la vague orange qui a porté de nombreux candidats du NPD à Ottawa en mai 2011.

- Avec Cédric Sam