La question de l'admissibilité du candidat à la mairie de Laval Marc Demers continue de le hanter malgré l'avis juridique favorable qu'il a rendu public la semaine dernière. Selon nos informations, M. Demers a tenté de convaincre le gouvernement de modifier la loi sur les élections. La preuve, selon ses adversaires, que sa candidature n'est pas conforme.

La Loi sur les élections et référendums dans les municipalités précise qu'un candidat doit avoir résidé «de façon continue ou non dans la municipalité depuis au moins 12 mois le 1er septembre de l'année civile où doit avoir lieu une élection générale».

Or, M. Demers a habité à Argenteuil de juin 2012 à janvier 2013. La semaine dernière, il a rendu public un avis juridique dans lequel l'avocat Joël Mercier estimait que sa candidature était conforme et respectait «l'esprit de la loi».

Pourtant, M. Demers a tout de même tenté de faire modifier cet article de la loi, selon nos informations. Le cabinet du ministre des Affaires municipales confirme qu'il y a eu des représentations sous forme de correspondance.

Proposition printanière

Questionné par La Presse, M. Demers dit avoir fait cette proposition parmi plusieurs autres dans un mémoire sur le financement des partis politiques déposé à l'Assemblée nationale en avril dernier. M. Demers a indiqué qu'il suggérait que cette période de 12 mois soit rallongée à 24 mois. Mais à la lecture du mémoire, le Mouvement lavallois, dont M. Demers est le chef, propose plutôt d'éliminer les références temporelles de cet article de la loi. " Ce n'était pas pour l'adapter uniquement à ma situation», s'est défendu M. Demers, hier.

Du reste, le ministre Sylvain Gaudreault a refusé la demande de M. Demers afin de ne pas s'immiscer dans la campagne électorale lavalloise, a fait savoir son attaché, Yann Langlais Plante.

Ses opposants Jean-Claude Gobé, d'Action Laval, et Robert Bordeleau, du Parti au service du citoyen, restent convaincus que la candidature de Marc Demers n'est pas conforme. «En voulant changer la loi, il démontre qu'il savait qu'il n'était pas admissible. Je trouve déplorable à quelques mois d'une élection de vouloir changer les règles du jeu», a réagi M. Gobé.

M. Bordeleau soutient même avoir eu une conversation avec la première ministre Pauline Marois pour l'informer que ce «ne serait pas très bon pour son image» d'accommoder M. Demers qui a été candidat du Parti québécois en 2007 et 2008, dans Laval-des-Rapides avant de céder sa place à Léo Bureau-Blouin.

M. Bordeleau ajoute que des tensions ont même éclaté au PQ au sujet d'une éventuelle modification de la loi. Le cabinet de Mme Marois était catégorique hier: un tel changement n'a jamais été même considéré. "Ç'a été une fin de non-recevoir», a souligné Marie Barrette, attachée de la première ministre.