Refusé par l'équipe Tremblay il y huit ans, Michael Labelle a adhéré au parti de Pierre Bourque. Aujourd'hui, il est sous la bannière de Projet Montréral non sans avoir envisagé de créer un parti indépendant.

Il y a huit ans, Michael Labelle était conseiller municipal à Pierrefonds, où la majorité des citoyens étaient en colère contre la fusion avec Montréal. Comme ses collègues du conseil municipal de l'époque, il a voulu se joindre à l'équipe de Gérald Tremblay. On l'a refusé. Il s'est fâché. Il s'est donc joint à... Pierre Bourque, l'homme des fusions, pour deux campagnes électorales. Pour la présente campagne électorale, il a finalement adhéré à Projet Montréal, après avoir longuement songé à fonder un parti indépendant.

 

Vous suivez toujours? Rien de plus normal. Le parcours tortueux de Michael Labelle est assez difficile à expliquer.

Pourquoi diable, s'il tenait à l'intégrité de la ville de Pierrefonds, avoir accepté d'être le candidat de Pierre Bourque en 2001? «L'équipe Tremblay m'avait refusé», admet-il candidement. Pendant cinq semaines de porte-à-porte, il a encaissé «la rancune et la haine» de ses concitoyens, d'autant plus que ses adversaires prétendaient qu'un vote pour Gérald Tremblay était un vote pour la défusion de Pierrefonds. «J'étais un traître. Je n'avais aucune chance de gagner. Ça a été un exercice très difficile», dit-il. Pourtant, il s'est représenté pour Bourque en 2005. Il récolte 34% du vote. «J'avais du respect pour M. Bourque. Il connaissait la vie municipale.»

Quatre ans plus tard, il rejette pourtant Vision Montréal, à la suite de l'arrivée de Louise Harel. «La franchise Louise Harel, ça ne vaut rien pour moi dans l'Ouest-de-l'Île. On vient de donner une très belle béquille à Gérald Tremblay», dit-il. Il pense donc à fonder un parti indépendant. «Mais on n'était pas dans les délais.» Il se range donc sous la bannière de... Projet Montréal, qui dévoile le nom de son candidat à la mairie à moins d'un jour de la date butoir pour la présentation des candidats. «Montréal ne peut pas avancer avec trois roues dans la boue. Je dis aux gens: vous avez la chance de voter pour un parti qui peut changer les choses.»

Depuis des années, le conseiller financier rédige un blogue très agressif à l'endroit des élus en place, Monique Worth et Bertrand Ward. Ceux-ci l'ont d'ailleurs menacé de le poursuivre s'il continuait à écrire sur eux. Selon un politologue du cégep John Abbott, John Leeke, M. Labelle y a soulevé au fil des ans des questions légitimes, notamment sur les dépenses des élus. «Mais il va un peu loin», estime-t-il, dans un article publié tout récemment dans le Westmount Examiner.

C'est un euphémisme de dire que les concitoyens anglophones de M. Labelle, dans les rues proprettes de Pierrefonds, sont hésitants. Ils détestent Louise Harel. Ils sont inquiets de ce qu'ils lisent dans les journaux sur le parti de Gérald Tremblay. Jetteront-ils leur dévolu sur Projet Montréal? «Plusieurs anglophones qui se résignent à voter pour Gérald Tremblay me disent: «Better the devil, you know». Mais moi je leur dis: «Avec le diable qu'on connaît, on va être en enfer pour quatre ans.»»

Michael Labelle connaît bien les anglos: contrairement à ce que laisse suggérer son nom de famille, il en est un. Son père, francophone, a épousé une anglophone avec laquelle il a toujours conversé en anglais. Ils se sont établis sur une petite ferme, à l'époque où, à Pierrefonds, il n'y avait pas de bungalows mais des champs.

Il a fait ses études en anglais, a travaillé plusieurs années à l'étranger, mais il a tenu à revenir vivre à Pierrefonds. Ses enfants sont parfaitement bilingues et parfois sa femme, francophone de souche, a du mal à saisir ce que disent ses propres rejetons.

«Je n'aime pas voir les anglophones se faire manipuler. C'est ce qui s'est passé en 2005, quand on leur avait fait miroiter une défusion. Et c'est ce qui se passe maintenant. Le seul argument des candidats d'Union Montréal, c'est le spectre du Parti québécois et de Louise Harel.»