Le chef conservateur Stephen Harper refuse d'interpréter les résultats décevants de son parti au Québec comme un rejet de ses politiques ou de sa personnalité et laisse entendre qu'il aurait fait des gains s'il avait pu passer plus de temps dans la Belle Province.

Lors de sa première rencontre avec les médias depuis sa réélection, le premier ministre a révélé que selon ses informations internes, son parti avait gagné du terrain au Québec à chacune des visites de sa caravane. «Et nous en avons perdu chaque jour que je n'étais pas au Québec pendant la campagne électorale», a-t-il précisé.

D'après lui, les conservateurs ont été désavantagés parce qu'ils devaient lutter sur tous les fronts et dans toutes les provinces, alors que leur grand rival le Bloc québécois pouvait se concentrer sur 75 circonscriptions. «Le chef d'un parti fédéraliste est au Québec seulement un jour sur quatre pendant une élection», a-t-il fait valoir.

M. Harper a refusé de s'étendre sur les autres facteurs expliquant la stagnation de sa formation dans la province. Il s'est contenté de dire que son équipe et lui examineraient la situation. Le chef risque toutefois d'avoir à répondre rapidement aux questions de ses militants de l'Ouest, qui lui reprocheront de s'être détourné d'eux pour courir après une chimère.

Après avoir reconnu officiellement la nation québécoise et «réglé» le déséquilibre fiscal, le Parti conservateur n'a pu faire mieux qu'en 2006 et doit se contenter d'une dizaine de sièges dans la province. La formation n'a pas réussi à faire élire de représentants dans la région de Montréal et son candidat vedette, Michael Fortier a mordu la poussière dans Vaudreuil-Dorion.

En comparaison, le Bloc québécois, que certains donnaient pour fini au début de la campagne, a fait élire 50 députés.

Les conservateurs ont par ailleurs vu leurs appuis populaires s'éroder. Ils n'ont obtenu que 21,7 pour cent des votes, comparativement à 25 pour en janvier 2006.

Malgré sa déception de n'avoir pu gagner le coeur des Québécois, Stephen Harper affirme qu'il ne leur tournera pas le dos au cours des prochains mois.

«Mon approche envers le Québec est la même chose qu'envers le reste du pays. Je vais traiter la population avec respect et d'une façon juste. Je vais considérer les besoins et les intérêts de tous les Canadiens dans toutes les provinces de ce pays», a-t-il expliqué.

Le premier ministre a une nouvelle fois invité les partis d'opposition à collaborer avec lui pour faire fonctionner le Parlement et permettre au gouvernement d'agir en matière d'économie.

Il dit n'avoir aucun appétit pour de nouvelles élections à court terme, mais il ne ferme pas la porte à la tenue de multiples votes de confiance pour faire adopter ses politiques. «Nous garderons toutes nos options ouvertes», a-t-il confié.

Cette réponse ne rassurera sans doute par le Bloc québécois, qui exhorte Stephen Harper à prendre acte du fait qu'il est minoritaire et à renoncer à intimider ses adversaires en les menaçant constamment de déclencher un scrutin.

La multiplication de votes de confiance a toutefois bien servi les conservateurs l'an dernier. Elle leur a permis de faire adopter leur budget et plusieurs de leurs politiques les plus controversées - dont la réforme de l'immigration, tout en humiliant leurs adversaires libéraux.

Parce qu'ils n'étaient pas prêts à partir en campagne électorale, ces derniers ont tout fait en leur pouvoir pour exprimer leur désaccord avec le gouvernement sans provoquer sa chute.