Fatigué de la campagne électorale après cinq semaines? Les électeurs et les candidats de Saint-Lambert et Westmount-Ville-Marie en sont, eux, à leur 10e semaine de campagne. Un véritable marathon.

«Mon médecin est tellement heureux, j'ai perdu 17 livres et ma pression sanguine est redevenue normale!», lance le conservateur Guy Dufort. Depuis le 25 juillet, date du déclenchement des élections partielles, il estime avoir serré pas moins de 17 000 mains dans Westmount-Ville-Marie.

 

Quand il a rencontré son adversaire Claude William Genest, du Parti vert, il lui a lancé cette boutade: «Claude, on va finir par les avoir à l'usure, nos électeurs!»

Les élections partielles ont été annulées la veille du scrutin, le 7 septembre, quand le premier ministre Harper a annoncé la dissolution du Parlement.

À quelques pas de là, dans le local libéral, Marc Garneau reconnaît qu'il a «hâte que ce soit fini». «Probablement qu'à partir du 15 octobre, je vais dormir quelques jours...» Il opine quand on lui demande si son entraînement d'astronaute l'aide à traverser cette campagne interminable. «C'est semblable. Ça demande une certaine discipline, ce qui m'aide. La santé est très importante: il faut faire de l'exercice et veiller à sa nutrition. On rencontre beaucoup de gens, donc les risques sont grands d'attraper un rhume. J'en ai d'ailleurs eu un, j'ai dû me reposer quelques jours.»

Anne Lagacé Dowson, candidate pour le NPD, se dit quant à elle «en très bonne forme». L'intérêt accru pour son parti dans ce coin de l'île, inspiré par la victoire de Thomas Mulcair dans Outremont, y est pour quelque chose, explique-t-elle. Son directeur de campagne, Raoul Gebert, doctorant en relations industrielles, avoue que la campagne prolongée a chamboulé son calendrier. «Mon professeur ne la trouve pas drôle. Côté forme, ça va. Mais il y a des jours plus durs que d'autres...»

Sur les 13 candidats qui s'étaient mis en lice le 25 juillet dernier, 11 ont décidé de continuer l'aventure quand l'élection partielle est devenue générale. La Presse en a interviewé six: tous ont affirmé être en pleine forme et ont nié avoir «la langue à terre» après 76 jours de campagne. «Moi, j'ai plutôt la langue aiguisée - d'avoir tellement parlé!», lance Roxane Stanners, candidate libérale dans Saint-Lambert. «Je suis plus motivée que jamais. Ç'a été épuisant pour nos bénévoles, mais je n'en ai pas perdu un seul.»

Mme Stanners se dit fièrement en campagne depuis bien plus que 10 semaines: «Je sillonne le comté depuis un an et demi, depuis mon investiture en mars 2007». Son adversaire bloquiste, Josée Beaudin, elle, s'estime en campagne depuis janvier dernier, alors qu'elle a été choisie parmi trois candidats à l'investiture.

«On est encouragés par le porte-à-porte. Je suis une passionnée, il faut l'être et croire qu'on peut changer les choses.» Une bénévole dans le local reconnaît tout de même une certaine lassitude. «On est fatigués, ce ne serait pas normal de ne pas l'être un peu. On ne compte plus les jours, on n'a pas le temps, et la vie familiale et les activités personnelles sont un peu en plan. Mais on est en forme. Et on aime tellement ça.»

De l'autre côté du boulevard Taschereau, rue Churchill dans l'arrondissement de Greenfield Park, le conservateur Patrick Clune se dit lui aussi en campagne à long terme. «Depuis 2004, en fait: quand on a un gouvernement minoritaire à Ottawa, on est toujours prêt à aller en élections.» Comme bien d'autres candidats, il admet que l'adrénaline empêche la fatigue de prendre le dessus. «Je vais voir combien de temps ça va prendre après les élections pour m'en remettre. Ce que j'ai dit à ma fille, c'est que quoi qu'il arrive le 14 octobre, elle va gagner un papa!»