Pour la deuxième fois en deux jours, hier, le chef libéral Stéphane Dion a été contredit par l'un de ses principaux collaborateurs sur le point central de sa plateforme électorale.

En entrevue éditoriale à La Presse, le chef adjoint du PLC, Michael Ignatieff, a admis que s'il prenait le pouvoir, le parti libéral pourrait envisager d'alléger sa taxe sur le carbone pour atténuer les impacts de la crise financière.

Cette affirmation vient directement contredire ce qu'affirme stéphane dion depuis plusieurs jours au sujet de son plan environnemental et fiscal. hier encore, lors d'un point de presse à Toronto, le chef libéral a martelé qu'il était hors de question de changer quoi que ce soit à son tournant vert. à des journalistes qui lui ont demandé s'il était prêt à retarder l'entrée en vigueur de sa taxe sur le carbone étant donné la situation économique actuelle, m. dion a répondu sans hésiter: «non, parce que ce sera bon pour l'économie.»

Or, dans les locaux de La Presse à Montréal à peu près au même moment, son adjoint michael ignatieff a affirmé le contraire. à la question: le tournant vert ne risque-t-il pas de toucher les industries dans la crise actuelle? M. Ignatieff a répondu: «on ne va pas abandonner le tournant vert, parce que dion a basé toute sa carrière sur ça. (...) mais des détails pourraient être changés, des détails fiscaux pourraient être allégés d'une façon ou d'une autre.»

Les journalistes l'ont relancé: «est-ce que ça veut dire que vous envisageriez de réduire la taxe sur le carbone?»

«C'est possible, a-t-il répondu. mais pour moi, c'est un détail. les points essentiels du tournant vert vont rester là. tout va dépendre de ce qu'on trouverait dans la caisse (du gouvernement).»

Bob Rae aussi

Cet ancien adversaire de Stéphane Dion dans la course à la direction libérale devient donc le deuxième membre haut placé du parti à ainsi tenir un discours opposé à celui de son chef.

Mardi, Bob Rae, lui aussi un aspirant déçu à la direction du parti, a admis à la presse canadienne que le tournant vert pourrait être retardé si les conditions économiques l'imposaient ou si les bilans financiers du gouvernement ne le permettaient pas.

Là encore, Stéphane Dion a fermement écarté cette possibilité, lors d'un point de presse tenu mardi soir à North Bay. appelé à réagir aux paroles de M. Rae, le chef libéral avait répondu avec conviction: «je suis certain qu'il n'a pas dit cela.»

Pourtant, à en croire certains de ses adversaires, dire que la taxe sur le carbone aurait besoin d'un allègement semble être un euphémisme. hier, le leader du gouvernement harper à la chambre des communes, peter van loan, y est allé de prédictions catastrophiques lors d'un point de presse impromptu tenu après le discours du chef libéral devant l'empire club de toronto. «cela ferait vraiment mal à l'Ontario», a-t-il dit notamment.

Stéphane Dion a rappelé quant à lui que 230 économistes canadiens de renom s'étaient prononcés plus tôt cette semaine en faveur de l'adoption d'une taxe sur le carbone. «tous les pays qui ont fait leur tournant vert avant nous ont une croissance économique plus grande que les pays qui ne l'ont pas fait», a-t-il tranché.