Poussé par des sondages chaque jour plus encourageants, Stéphane Dion a sorti un lapin de son chapeau en début de journée, hier, disant que le Parti libéral pourrait suspendre l'obligation imposée aux aînés de retirer une somme d'argent annuelle de leur FERR.

Lors d'un discours à Vancouver, il a précisé qu'il espérait ainsi protéger des effets néfastes de la crise économique ceux qui ont épargné toute leur vie. M. Dion a aussi évoqué la possibilité de hausser le seuil admissible de l'assurance dépôt, une mesure destinée à protéger l'épargne des Canadiens, pour actuellement un maximum de 100 000$.

 

Ces deux exemples sont les seuls cités par le chef libéral comme mesures susceptibles d'être adoptées pour protéger les épargnes, les hypothèques et les pensions des Canadiens, dans le cadre du plan en cinq étapes qu'il a annoncé au cours du débat des chefs, la semaine dernière. M. Dion, qui a pris soin de dire qu'il ne s'agissait pour l'instant que d'éléments qu'il allait «considérer», s'est défendu de faire preuve de cynisme en brandissant la possibilité de protéger les aînés, mais sans s'engager de manière plus ferme. «Ce que je dis aux Canadiens est qu'ils auront un premier ministre et un gouvernement qui se soucie d'eux et qui va avoir un plan pour s'attaquer à ces problèmes dès maintenant et de considérer tout ce qui a un sens», a-t-il dit.

Les conservateurs n'ont pas manqué de réagir, l'accusant d'improviser et de rajouter des mesures non prévues dans sa plateforme électorale. «Elles indiquent que Dion vient de se rendre compte qu'il y a un resserrement du crédit aux États-Unis depuis plus d'un an», a ironisé le ministre des Finances, Jim Flaherty.

Mais ce message d'un gouvernement responsable, le chef libéral l'a martelé toute la journée, surtout après que le Parti conservateur eût rendu publique sa plateforme électorale. Il a d'abord invité les Canadiens à se débarrasser du «capitaine et de l'équipage», un appel à la mutinerie contre Stephen Harper et ses troupes.

Dans l'un de ses discours partisans les plus convaincants et énergiques jusqu'ici, à North Bay en soirée, Stéphane Dion en a rajouté en se moquant du programme conservateur où, a-t-il dit, la photo de Stephen Harper apparaît 22 fois sur 44 pages. «Au-delà des mots, c'est uniquement à propos de lui. C'est à propos de son emploi. Notre plan est à propos de vos emplois.»

Regain d'enthousiasme

Le fait qu'un nouveau sondage Nanos Research ait placé hier après-midi les libéraux et les conservateurs à seulement trois points d'écart dans les intentions de vote (31% contre 34%) n'était peut-être pas pour rien dans le regain d'enthousiasme du chef libéral. La firme, qui rend de nouveaux résultats publics chaque jour et qui avait prédit les résultats des dernières élections fédérales avec grande précision, indique depuis les débats des chefs une tendance à la baisse pour les conservateurs et à la hausse pour les libéraux.

Les appuis pour les autres partis semblent vouloir rester plutôt stables. M. Dion a donc appelé tous les électeurs à se ranger à ses côtés. «C'est plus qu'un vote stratégique, a-t-il expliqué en point de presse. Un vote stratégique, c'est: on veut bloquer les conservateurs, alors on y va tous ensemble. C'est un vote pour une vision, pour un plan d'action, maintenant et à long terme.»