Ce fut une campagne difficile pour Stephen Harper qui a vu ses chances d'obtenir de la population un gouvernement majoritaire s'amoindrir de jour en jour avec la désaffection massive des Québécois en fin de parcours.

Le chef conservateur risque gros et il le sait. C'est sans doute pourquoi hier, alors que Stéphane Dion tentait de consolider le vote anti-Harper d'un océan à l'autre, il a minimisé ses chances de succès lors de ses apparitions à Charlottetown, à Fredericton et à Vancouver. C'est sans doute pourquoi aussi, dans une interview au Toronto Sun, il a déclaré la semaine dernière qu'il démissionnerait s'il ne remportait pas ces élections.

Il a même laissé entendre en fin de semaine que si les Québécois ne lui donnaient pas suffisamment d'élus, ils ne seraient pas représentés au cabinet. Et samedi à CTV, il s'est avancé pour prédire que le prochain Parlement aurait la vie courte, moins de quatre ans... Ces sorties n'étaient pas loin d'une certaine forme de panique.

Un retour à la case départ, c'est-à-dire au paysage politique du dernier Parlement - un Parlement qu'il n'a cessé de qualifier de dysfonctionnel - serait sans doute le pire des scénarios pour Stephen Harper.

Avec près du tiers des électeurs encore dans le camp des indécis, Stephen Harper s'est donc levé à l'aube hier à l'Île-du-Prince-Édouard pour entreprendre un dernier blitz qui l'a mené à Charlottetown, à Fredericton, à Vancouver et finalement chez lui à Calgary.

Le chef conservateur a promis aux Canadiens de faire de la protection de l'économie la grande priorité de son mandat.

« Les autres partis ont des programmes parfaits pour vous mener droit à la récession, a-t-il affirmé. Stéphane Dion n'a qu'une obsession, celle de vous imposer une taxe sur le carbone qui fera monter les prix sur tout ce que vous allez acheter. »

Au Nouveau-Brunswick, l'arrêt de Stephen Harper à Fredericton était stratégique : donner un coup de pouce à son candidat dans Fredericton, Keith Ashfield. Ce dernier est un ancien ministre des Ressources naturelles et de l'Énergie du Nouveau-Brunswick et il a des chances de déloger le candidat libéral, David Innis. La circonscription était détenue auparavant par l'ancien ministre Andy Scott qui a décidé de ne pas se représenter.

Plus tôt, à l'Île-du-Prince-Édouard, une forteresse libérale qu'il aimerait bien aussi ébranler, il avait reconnu, à 8 h 30 du matin, que la course était serrée et que rien ne garantissait que son parti remporte la victoire.

C'est sans doute pourquoi son message devant quelque 500 partisans dans la circonscription de Malpèque a été dirigé uniquement contre Stéphane Dion et sa troupe - un message qu'il a d'ailleurs répété toute la journée.

« Le choix n'a jamais été aussi clair, a-t-il martelé : si vous voulez un premier ministre qui protégera l'économie canadienne, je vous demande un mandat. Si vous voulez un premier ministre qui va faire des expériences avec l'économie canadienne, eh ! bien, donnez à M. Dion un mandat pour imposer sa taxe sur le carbone ! »

À Vancouver, M. Harper est venu prêter main-forte à son candidat de la circonscription de Vancouver-Ouest-Sunshine-Coast, John Weston, qui a des chances, selon les conservateurs, de déloger le seul député vert au pays, l'ancien libéral Blair Wilson.

M. Harper a souligné qu'il avait besoin « de tous les sièges possibles » s'il voulait espérer former le prochain gouvernement.

Et, sans doute par prudence en fin de parcours, question de ne pas se laisser entraîner là où il ne voulait pas être entraîné, le chef conservateur a refusé au cours des dernières 72 heures de répondre aux questions des journalistes qui l'accompagnent.