Le gouvernement de Stephen Harper a approuvé 148 nominations à des agences et organismes fédéraux - un procédé maintes fois utilisé pour récompenser les partisans du parti au pouvoir -, dont certaines tout juste avant le déclenchement des élections.

Le cabinet a distribué les postes en trois étapes, la première deux jours à peine avant l'ajournement des travaux parlementaires pour l'été, la deuxième le 30 juillet, en pleine période de congé pour les politiciens et les journalistes politiques, et la troisième moins d'une semaine avant que le premier ministre Harper n'annonce la tenue d'élections le 14 octobre.M. Harper, qui avait fustigé le favoritisme libéral aux élections de 2006, n'a par la suite pas tenu sa promesse électorale de charger une commission indépendante de passer au crible les nominations du cabinet.

Il est difficile de déterminer exactement combien des plus récentes nominations sont allées à des membres du Parti conservateur fédéral ou des partis conservateurs des provinces. Mais des entrevues de personnes nouvellement nommées et les informations rendues publiques au sujet d'autres nominations semblent indiquer que M. Harper a placé plusieurs proches du parti à des postes au sein de la commission de révision du Régime de pensions du Canada, de la Commission nationale des libérations conditionnelles, à la section d'appel de la commission de l'immigration et du statut de réfugié, à des conseils arbitraux de l'assurance-emploi et à des conseils d'administration de sociétés de la Couronne.

Ainsi, un médecin retraité de Halifax, qui a été nommé à la commission de révision du Régime de pensions, a dit avoir apporté son aide pendant une semaine à la campagne d'un conservateur provincial aux dernières élections en Nouvelle-Ecosse. Un avocat d'Ottawa à la retraite, nommé au même organisme, a déclaré avoir simplement dit à un conservateur ontarien haut placé qu'il cherchait quelque chose à faire à la retraite.

Les nominations incluent par exemple le dirigeant de l'association de la circonscription fédérale de Vancouver-Quadra en 2007, un conservateur provincial défait à Terre-Neuve-et-Labrador, une femme ayant travaillé pour le bureau du whip au gouvernement ontarien de Mike Harris.

La rémunération de certains de ces postes n'est pas publique, mais des documents du Bureau du Conseil privé indiquent que les membres à temps partiel de la section d'appel de la Commission d'immigration, par exemple, touchent une indemnité quotidienne de 480 $ à 560 $, et que ses membres à temps plein gagnent entre 95 500 $ et 112, 300 $ par an.

Un porte-parole du PC a cherché à minimiser la signification de ces nominations. «Nous ne croyons pas que l'implication politique devrait empêcher ces personnes de remplir ces fonctions», a dit Mike Storeshaw, directeur des communications du président du Conseil du trésor, Vic Toews.