Les élections se succèdent tellement rapidement que, d'une campagne à l'autre, on n'a pas grand-chose de neuf à raconter sur les chefs. Néanmoins, 30 mois, c'est long, en politique. Il convient donc de faire une petite mise à jour du profil de nos chefs. D'autant plus que deux d'entre eux, Stéphane Dion et Elizabeth May, n'avaient pas le statut de leader au scrutin de 2006.Portraits impressionnistes de gens que l'on voit beaucoup sans les connaître vraiment.

Une campagne de publicité distincte au Québec; des centaines de milliers de dollars dépensés ici; des candidats dans toutes les circonscriptions, dont quelques «vedettes»; de nombreuses visites du chef; un porte-parole connu et efficace. Il n'y a pas de doute, le NPD commence vraiment à prendre le Québec au sérieux.

 

La question, toutefois, est de savoir si c'est réciproque. Réponse le 14 octobre. Mais déjà, le NPD de Jack Layton a fait des pas de géant au Québec.

Le grand défi du chef est de convertir le succès d'estime observé dans les sondages en votes et, éventuellement, en nouveaux sièges au Québec.

M. Layton n'en est pas encore là. Le seul véritable espoir de gain est la circonscription de Gatineau, en Outaouais, où il présente une ancienne députée libérale, Françoise Boivin.

Le fait d'avoir recruté une candidate comme l'ancienne animatrice de CBC Anne Lagacé-Dowson, dans Westmount, démontre que le NPD de Jack Layton est maintenant pris au sérieux.

M. Layton a aussi marqué des points avec sa bonne bouille, sa sortie canon contre le gouvernement Harper, dans le milieu culturel et, plus généralement, dans l'aile gauche du spectre politique québécois. Pour marquer le coup, Jack Layton fera une dernière tournée au Québec aujourd'hui, à Gatineau, puis au Club Soda à Montréal.

Pour Jack Layton, cette campagne aura été celle de la crédibilité. Sa personnalité devrait plaire aux Québécois: il est né ici, à Montréal, il est drôle, chaleureux, bon vivant, et son français s'est beaucoup amélioré. Des quatre chefs des grands partis, Jack Layton est sans contredit le plus charismatique.

M. Layton est toutefois plus populaire que son parti. En ce sens, son association avec Thomas Mulcair, député d'Outremont, pourrait s'avérer payante pour le NPD. Il faut reconnaître à Jack Layton une certaine audace d'avoir nommé M. Mulcair chef adjoint dès son élection aux Communes et de lui avoir donné tant d'espace. De toute évidence, M. Layton n'est pas paranoïaque et il a une grande confiance en son leadership.

Ailleurs au pays, Jack Layton a fait monter le NPD presque partout, au point de devenir une grave menace pour les libéraux. Le danger pour le NPD, toutefois, c'est d'augmenter son nombre de votes mais de perdre des sièges à cause des luttes à trois.

Si le NPD a gagné en crédibilité, c'est vrai aussi pour son chef. Exit Jack-le-jovialiste, qui avait toujours le sourire fendu jusqu'aux oreilles.

M. Layton en a impressionné plus d'un lors des débats des chefs, particulièrement en anglais, où il a attaqué aussi bien Stephen Harper que Stéphane Dion.

Cela dit, le NPD et son chef souffrent encore, parfois, de manque de crédibilité. Quand M. Layton dit, par exemple, qu'il faut rapatrier immédiatement nos soldats d'Afghanistan, au mépris de nos engagements internationaux et de la décision de la Chambre des communes.

Ou quand il affirme que nous devrions négocier avec les talibans pour chercher une solution pacifique en Afghanistan.

Voilà le genre de positions purement électoralistes qui attirent probablement moins d'électeurs qu'elles n'en éloignent du NPD.