S'ils étaient mieux informés sur les véritables intentions de Stephen Harper, les Québécois comprendraient que les positions conservatrices vont à l'encontre de leurs intérêts, croit Gilles Duceppe.

De passage à Montréal, hier, le chef du Bloc québécois a estimé qu'au-delà des «beaux sourires» et des «paroles mielleuses», le chef conservateur n'est jamais passé de la parole aux actes en ce qui concerne les intérêts et les préoccupations des citoyens du Québec. Ces derniers, selon lui, manquent d'information pour bien comprendre les dangers d'un gouvernement conservateur majoritaire.

«Ils doivent être mieux informés des positions de M. Harper, sur bon nombre de sujets. Quand vous prenez enjeu par enjeu, c'est tout à fait en contradiction avec les positions des Québécois», a dit M. Duceppe, qui juge que la population ne connaît pas bien le vrai visage du chef conservateur.

«Je prétends que les Québécois n'étaient pas pour une présence en Irak (contrairement à Stephen Harper en 2003). Je suis pas mal sûr de ça. Je pense que les Québécois sont pour Kyoto. Je pense que les Québécois sont contre le fait qu'on octroie de gros avantages fiscaux aux pétrolières», a-t-il ajouté.

Le chef du Bloc a aussi vivement critiqué la nouvelle mesure proposée hier matin par Stephen Harper pour serrer la vis aux jeunes contrevenants, une autre raison selon lui qui éloigne les Québécois des positions conservatrices.

«L'université du crime pour un enfant de 14 ans, ça s'appelle la prison. Mettez-le là, vous êtes sûr qu'il va en ressortir comme un criminel endurci. Ça n'a pas de bon sens», a dit M. Duceppe.

En fin de soirée, le premier ministre Harper a condamné ces affirmations du chef bloquiste. «M. Duceppe doit cesser d'insulter l'intelligence des Québécois. Les Québécois et les Québécoises sont très bien informés dans cette élection», a estimé le chef conservateur.

Au lendemain du lancement d'une campagne publicitaire incendiaire des conservateurs contre le Bloc québécois, les troupes de Gilles Duceppe ont répliqué par trois publicités radio anti-Harper, diffusées depuis hier. Les messages y sont acerbes: Stephen Harper veut faire reculer les droits des femmes, prioriser l'armement militaire, envoyer en Alberta les travailleurs des régions qui ont perdu leur emploi et nuire à l'environnement en n'appliquant pas le protocole de Kyoto. «Ne laissons pas le gouvernement conservateur devenir majoritaire», entend-on à la fin de chacun des messages.

Sur le dossier de l'environnement, la missive, sur un ton plus culpabilisant, s'adresse directement aux électeurs. «Ceux qui vont voter conservateur, comment vous allez expliquer ça à vos enfants plus tard?» dit la publicité.

En après-midi, le chef du Bloc s'est permis un bain de foule de près de deux heures, rue Sainte-Catherine - incluant un tronçon dans un secteur plutôt anglophone -, pour participer aux activités de la journée «En ville sans ma voiture». Quelques passants ont abordé M. Duceppe pour dénoncer les publicités conservatrices qui accusent le Bloc d'avoir coûté 350 millions aux contribuables sans aucun résultat. Le même phénomène s'était produit en tribune téléphonique à l'émission Maisonneuve à l'écoute, plus tôt dans la journée. En entrevue au 98,5, en fin d'après-midi, le chef du Bloc a de nouveau condamné ces publicités conservatrices, qualifiant le processus d'«antidémocratique» et d'«inadmissible». Aujourd'hui, M. Duceppe donnera un discours devant la chambre de commerce de Québec, avant d'assister au spectacle Les coupures, ça tue la culture, au Club Soda à Montréal.