À nouveau, le mouvement syndical se range derrière le Bloc québécois pour ces élections générales. La Fédération des travailleurs du Québec a exhorté ses membres, hier, non seulement à voter pour le parti de Gilles Duceppe, mais aussi à travailler pour les candidats bloquistes sur le terrain.

«Chaque fois, dans les deux ans qui viennent de passer, qu'on a eu besoin de l'intervention du Bloc, que ce soit pour l'assurance chômage, la langue de travail, l'économie, le Bloc a toujours été là, a souligné le président de la FTQ, Michel Arsenault. Nous allons mettre à la disposition du Bloc québécois les militants syndicaux de la FTQ dans tous les comtés où on nous le demande.»

 

La centrale syndicale, la plus grande au Québec, compte plus de 557 000 membres, dont 60 % dans le secteur privé.

«C'est important pour nous que le gouvernement conservateur ne soit pas élu majoritairement, a ajouté M. Arsenault. Nous, à la FTQ, on croit à l'intervention de l'État dans l'économie. On ne croit pas que les marchés peuvent tout régler, et c'est malheureusement l'idéologie des conservateurs. Des gouvernements qui ne pensent qu'à l'armée, à la police, à la prison, on n'a pas besoin de ça au Québec, ni au Canada.»

L'appui au Bloc est selon lui la seule façon, au Québec, de contrer une majorité conservatrice.

Alors que ses détracteurs estimaient, dès le début de la campagne, que le Bloc était rendu trop proche des mouvements syndicaux, M. Duceppe a rejeté d'un revers de main la possibilité que cet appui de taille lui nuise auprès d'une frange de la population.

«La FTQ, c'est aussi le Fonds de solidarité, actif dans nombre de régions et compagnies au Québec. C'est un acteur économique important», a-t-il rétorqué.

La semaine dernière, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) a appelé ses membres à voter stratégiquement, afin de bloquer la route aux conservateurs, ses statuts lui interdisant de prendre position en faveur d'un parti en campagne électorale. Mais la présidente, Claudette Carbonneau, avait alors été très claire: au Québec, dans la majorité des circonscriptions, c'est le Bloc qui peut contrer les conservateurs, avait-elle souligné.

Culture

Au lendemain du spectacle des artistes contre les coupes en culture, auquel a assisté M. Duceppe à Montréal, le chef du Bloc est revenu sur les propos controversés de Stephen Harper, qui avait affirmé que le citoyen moyen n'avait aucune sympathie pour les artistes qui se plaignent, dans les galas, de n'avoir pas assez de subventions.

«La réalité, c'est que pour faire passer cette décision idéologique, les conservateurs font du populisme de bas étage en s'attaquant aux artistes, à l'art et à la culture, a dit M. Duceppe. Le chef conservateur va se brûler les doigts, parce que la culture, en plus d'être l'âme de la nation québécoise, c'est aussi un secteur économique important.»

Le Bloc québécois estime que la culture représente un total de 314 000 emplois, directs et indirects, au Québec. À Montréal seulement, ce secteur d'activité a généré des retombées économiques de 1,4 milliard de dollars en 2005, a estimé M. Duceppe. «Le revenu moyen des emplois en culture au Québec en 2005 était de 32 135$. Ça fait beaucoup de Québécois moyens, ça, M. Harper», a-t-il lancé, dans une allocution devant la Chambre de commerce de Montréal.

En fin de journée, le Bloc québécois a par ailleurs annoncé qu'il appuyait la demande de l'Union des artistes, qui souhaite que le gouvernement fédéral consacre 1 % de son budget aux arts et à la culture.

Aujourd'hui, le chef bloquiste est de nouveau dans la métropole, où il donnera une allocution à l'Université de Montréal, en compagnie de la chef du Parti québécois, Pauline Marois.