Le commissaire aux élections fédérales, qui surveille de manière indépendante l'application de la loi électorale, affirme que le Parti conservateur n'est pas dans l'illégalité en embauchant un conseiller australien aux pratiques controversées.

La Loi électorale du Canada édicte qu'il est illégal pour quiconque n'est pas un citoyen canadien ou un résident permanent «d'inciter de quelque manière des électeurs, pendant la période électorale, à voter ou à s'abstenir de voter» pour un candidat ou un autre.

Or, a indiqué une porte-parole du commissaire, conseiller un parti ou travailler pour une campagne n'est pas considéré comme de l'incitation.

Les conservateurs ont confirmé jeudi que Lynton Crosby collaborait avec leur parti depuis le mois de mars, surtout pour effectuer de l'analyse de sondages.

M. Crosby, surnommé le «Magicien d'Oz», a mené l'ancien premier ministre australien John Howard vers la victoire dans quatre élections de suite et il a aussi aidé le premier ministre britannique David Cameron à remporter ses élections en mai dernier.

Mais il reçoit d'autres surnoms moins flatteurs. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) tente d'ailleurs de montrer le côté sombre de sa réputation pour faire peur aux donateurs conservateurs. Dans un courriel de levée de fonds envoyé vendredi, le NPD compare l'homme à un «génie diabolique» de l'extrême droite.

Une stratégie : «Les campagnes de peur»

Selon l'avocat et analyste politique australien Greg Barns, le fait d'embaucher Lynton Crosby signifie que Stephen Harper est désespéré.

«Pourquoi?, a-t-il écrit à La Presse Canadienne. Parce que M. Crosby n'a qu'une seule stratégie: les campagnes de peur. Il vise les électeurs inquiets, par exemple sur les questions raciales.»

M. Barns prédit que le conseiller tentera de dépeindre les chefs néo-démocrate et libéral comme «laxistes sur l'immigration et le crime».

Il n'a pas été possible de recueillir les réactions de Lynton Crosby.

Le cofondateur de l'organisme Démocratie en surveillance, Duff Conacher, est déçu que le commissaire ait «choisi de ne pas appliquer la loi sur les élections fédérales en ignorant l'intention et l'esprit des mesures prévues par la loi».

La section de la loi qui aborde l'incitation au vote souligne explicitement qu'un étranger ne peut, «de quelque manière», tenter de s'ingérer dans la campagne, a-t-il souligné.

Les conservateurs de M. Harper font appel aux services des stratèges de l'ancien premier ministre australien John Howard depuis 2006. Le NPD et le Parti libéral ont tous deux déjà bénéficié des conseils des employés du président américain Barack Obama.