Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) faisait relâche, vendredi, mais cela n'a pas empêché les conservateurs de se livrer à une attaque en règle contre lui, tandis que Stephen Harper faisait face à l'habituel barrage de questions sur l'affaire Duffy.

Le lieutenant québécois du premier ministre sortant, Denis Lebel, est tombé à bras raccourcis sur Thomas Mulcair après que de nouveaux propos critiques envers les syndicats formulés par le leader néo-démocrate en 1994, alors qu'il était député libéral provincial de Chomedey, eurent fait surface.

Conservateurs, libéraux et bloquistes, qui accusaient déjà leur rival du NPD de tenir un « double discours » depuis le début de la campagne, se sont régalés cette semaine en voyant réapparaître une vidéo de 2001 où M. Mulcair fait l'apologie du thatchérisme à l'Assemblée nationale.

Mais la charge la plus virulente de toutes revient à M. Lebel, qui réagissait vendredi à un article du Devoir rappelant que le chef du NPD, parti traditionnellement proche des syndicats, a déjà accusé ceux-ci de « jouer directement dans les règles de la démocratie » lors de campagnes électorales.

Lors de l'étude d'un projet de loi du Parti québécois (PQ), il avait déclaré que celui-ci était clairement destiné à « renvoyer l'ascenseur aux grandes centrales syndicales qui ont livré la marchandise, oh! comment bien, lors de la dernière campagne électorale » remportée par le PQ.

Par voie de communiqué, M. Lebel a ainsi accusé Thomas Mulcair d'être « un vire-capot » doublé d'un « imposteur dénué de principe » qui « dit une chose et son contraire sur plusieurs enjeux », prouvant qu'un NPD chapeauté par lui est « trop risqué pour gouverner ».

Le NPD réplique

Le porte-parole de la campagne néo-démocrate, Karl Bélanger, a répliqué par communiqué interposé, plaidant qu'« en matière de défense des droits des travailleurs, le bilan du NPD et de Tom Mulcair parle de lui-même ».

« Il faut que nos adversaires soient complètement désemparés et désespérés pour déformer des propos vieux de 21 ans, afin de nous accuser d'une chose et son contraire. Les Québécois voient clair dans ces petits jeux politiques et ils en ont assez », a-t-il poursuivi dans la même déclaration.

Barrage de questions pour Stephen Harper

Au final, le chef conservateur Stephen Harper, qui est sur la sellette depuis la reprise du procès du sénateur Mike Duffy, s'en sera peut-être tiré avec moins d'égratignures à l'issue de ce 20e jour d'une campagne électorale qui en compte 78 au total.

Le premier ministre sortant a fait face au même barrage de questions que depuis la semaine dernière, mais il a continué à livrer inlassablement la même version des faits, plaidant encore une fois qu'il n'était pas au courant du plan de remboursement des dépenses de M. Duffy.

La veille, son ancien avocat Benjamin Perrin, a soutenu dans son témoignage que l'actuel chef de cabinet de M. Harper, Ray Novak, était au courant du plan de son prédécesseur Nigel Wright en 2013 de verser lui-même les 90 000 $ au sénateur pour qu'il rembourse ses dépenses inadmissibles.

Mais « M. Perrin a reconnu qu'il ne m'avait jamais parlé (de ce plan) », a insisté Stephen Harper, qui était de passage en Colombie-Britannique pour promettre un partenariat élargi avec la fondation Pacific Salmon et 15 millions de dollars pour restaurer et protéger les estuaires de la province.

À l'issue de son point de presse, il a tenu à « répondre à une question qui n'avait pas été posée » sur le « renouvellement de l'instabilité économique mondiale » qui « crée des dangers pour notre pays » et auquel les conservateurs sauront réagir avec des « investissements ciblés », a-t-il plaidé.

« Ce n'est certainement pas le temps pour des stratagèmes risqués proposés par le NPD de Mulcair et les libéraux de Trudeau, soit une grande augmentation de dizaines de milliards de dollars de nouvelles dépenses financées par des hausses de taxes et d'impôts et des déficits permanents », a-t-il dit.

Le supplice des conservateurs n'est pas encore terminé, puisque le procès du sénateur de l'Île-du-Prince-Édouard reprendra lundi à Ottawa pour une semaine avant d'être ajourné pendant un bon moment.

Cela devrait permettre à Thomas Mulcair et à Justin Trudeau - le chef du Parti libéral du Canada faisait lui aussi relâche vendredi - de poursuivre leurs attaques contre Stephen Harper.

Duceppe concentre ses attaques sur le NPD

Même chose pour le leader bloquiste Gilles Duceppe, qui a lui aussi lancé plusieurs salves contre M. Harper ces derniers jours. Le chef du Bloc québécois se concentre cependant davantage sur son rival du NPD, formation qui domine dans les sondages au Québec depuis plusieurs semaines.

Il a d'ailleurs fait campagne vendredi, en compagnie du chef du Parti québécois (PQ) Pierre Karl Péladeau, dans une circonscription où la lutte avait été extrêmement serrée entre le NPD et le Bloc aux dernières élections de mai 2011, soit celle de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine.

Le candidat bloquiste Nicolas Roussy tentera d'y déloger le député néo-démocrate sortant, Philip Toone, qui l'avait emporté avec 33,8% des voix, non loin devant son adversaire bloquiste, qui s'était contenté de 31,7% des appuis.