Les partis de l'opposition ont fait preuve d'une rare unité, dimanche, pour dénoncer unanimement le chef conservateur, Stephen Harper, qui n'était pas présent au défilé annuel de la Fierté, à Montréal, et qui s'est retrouvé une fois de plus hanté par le procès du sénateur Mike Duffy.

Le néo-démocrate Thomas Mulcair, le libéral Justin Trudeau, le bloquiste Gilles Duceppe et la chef du Parti vert Elizabeth May se sont réunis par une chaleur accablante dans la métropole pour une marche visant à promouvoir les droits des communautés LGBT (lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres) au pays. Les quatre chefs ont d'ailleurs ouvert le défilé côte à côte, tout sourire, en brandissant leurs drapeaux arc-en-ciel.

Le chef conservateur Stephen Harper, bien qu'il brillait par son absence, a été au centre des discussions et des critiques des chefs de l'opposition. Thomas Mulcair a indiqué que sa non-participation à l'événement démontrait son «manque d'intérêt» pour la question, alors que la chef du Parti vert s'est dite «déçue» que le Parti conservateur prenne une fois de plus ses «distances» de cette communauté.

M. Trudeau, qui ne s'est pas dit surpris de cette absence, a assuré qu'en tant que premier ministre, il participerait à ce genre d'événements. C'est M. Duceppe qui a été le plus sévère à l'égard du chef conservateur, qu'il a accusé d'avoir fait un «affront» à cette population par son absence. Il a ajouté que le premier ministre Harper «n'avait strictement rien fait» à travers les années pour défendre leurs droits.

La porte-parole du Parti conservateur Catherine Loubier a affirmé dans un courriel que de telles accusations étaient «complètement fausses» et «sans fondement». «Le premier ministre Harper défend les droits de tous les Canadiens et Canadiennes, quelle que soit leur orientation sexuelle», a-t-elle ajouté, mentionnant par exemple qu'il avait pris position contre une loi anti-homosexualité en Ouganda. Le Parti conservateur avait par ailleurs envoyé au défilé quelques-uns de ses candidats de la région de Montréal.

Un autre sujet était sur toutes les lèvres à l'occasion du défilé: le procès du sénateur Duffy. L'épineux sujet ne cesse d'embêter le chef conservateur depuis quelques jours - surtout depuis le dévoilement de courriels au procès, qui ont révélé que certains employés actuels du parti auraient été informés du versement du chèque de 90 000 $ par l'ancien chef de cabinet du premier ministre, Nigel Wright.

Justin Trudeau a réitéré sa volonté que M. Harper congédie les membres de son équipe qui seraient impliqués dans le scandale. «Des gens autour de M. Harper ont manqué de respect envers le (Bureau) du premier ministre, aussi envers les Canadiens en faisant partie d'un »cover up«. Si M. Harper avait (un minimum) d'intégrité, il congédierait ces gens-là au lieu de les protéger», a-t-il lancé aux journalistes.

Le chef libéral a même envoyé une lettre ouverte au chef conservateur pour lui poser des questions précises sur la séquence des événements puisque ni les politiciens ni les journalistes n'auraient obtenu des réponses jusqu'à ce jour, selon lui.

Si M. Duceppe et Mme May ont également réclamé le licenciement de ces conseillers, M. Mulcair a indiqué qu'il ne voulait pas viser des «subalternes». «Moi je veux qu'on se débarrasse de la personne qui a nommé Mike Duffy au Sénat, qui a nommé ce chef de cabinet-là, qui était responsable du Bureau du premier ministre lorsqu'ils (l'équipe) ont fait un chèque de 90 000 $ et cette personne, c'est le premier ministre lui-même», a-t-il expliqué.

Cette question a rattrapé le chef conservateur, qui a passé le début de sa journée à Ottawa. Les journalistes ont une fois de plus tenté d'en savoir davantage sur les membres de son équipe qui auraient été mis au courant du fameux chèque de M. Wright dans des courriels où leurs noms apparaissaient.

«On m'a dit qu'il allait rembourser et qu'il avait remboursé. C'est pour cette raison que j'ai agi comme je l'ai fait lorsque j'ai découvert que ce n'était pas le cas», a-t-il tranché, sans répondre directement aux questions sur son entourage.

La journée avait commencé sur une bonne note pour le Parti vert, qui a accueilli dans ses troupes le député québécois sortant du Nouveau Parti démocratique (NPD) José Nunez-Melo, qui allègue avoir été écarté de son ancien parti. Il tentera de se faire élire sous la bannière des verts dans la circonscription de Vimy, à Laval.

Lors d'un point de presse en matinée dans les bureaux du parti à Montréal, Mme May s'est réjouie que son parti puisse compter sur ses «trois députés» - Mme May, qui a été élue pour le Parti vert en Colombie-Britannique, Bruce Hyer, un député transfuge provenant du NPD, et M. Nunez-Melo. Cette délégation justifie selon elle sa présence à tous les prochains débats des chefs.

Des milliers de personnes assistent au défilé

En dépit de la chaleur accablante et d'un soleil de plomb, des milliers de personnes se sont rassemblées, dimanche, dans le centre-ville de Montréal afin d'assister au défilé de la Fierté, point culminant d'une semaine de festivités en l'honneur de la communauté LGBT (lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres).

Les représentants de 127 partenaires du festival Fierté Montréal et organismes LGBT ont défilé sur le boulevard René-Lévesque entre les rues Guy et Sanguinet à l'occasion du flamboyant événement, qui a attiré quelque 290 000 spectateurs, selon les organisateurs.

Toujours d'après les organisateurs, environ 500 000 festivaliers ont pris part aux différentes activités de cette 9e présentation de Fierté Montréal, qui s'est déroulée du 10 au 16 août au coeur de la métropole québécoise.

«Nous sommes fiers d'être devenu l'un des festivals incontournables de l'été à Montréal», a déclaré Éric Pineault, président et fondateur de Fierté Montréal, dans un communiqué publié dimanche. «Nous sommes heureux de contribuer à faire de Montréal une ville ouverte à la diversité.»

M. Pineault a également souligné que le festival était bien plus qu'un rassemblement festif et coloré, puisque sa mission première est non seulement de soutenir les communautés LGBT d'ici, mais aussi de donner espoir à celles qui vivent de la violence ailleurs dans le monde.

«Il y a encore beaucoup d'intolérance à l'international, ce qui est franchement inacceptable», a affirmé Stéphanie Vallée, ministre de la Justice et responsable de la lutte contre l'homophobie au sein du gouvernement de Philippe Couillard, l'une des nombreuses personnalités politiques présentes lors du défilé de la Fierté. «C'est pour cela qu'il est important de se positionner comme une société ouverte, une société où la différence et la diversité sont considérées comme une richesse.»

Un point de vue partagé par le maire de Montréal, Denis Coderre, qui a qualifié la métropole québécoise de «capitale du »vivre ensemble«».

«La lutte contre la transphobie et l'homophobie demande une vigilance de tous les instants, a soutenu M. Coderre. Partout dans le monde, il y a encore trop de cas de violence, trop de gens qui se font arrêter à cause de leur orientation sexuelle. Ce défilé est important non seulement pour sensibiliser les gens d'ici, mais aussi le reste de la planète.»

La 10e présentation de Fierté Montréal se tiendra du 8 au 14 août 2016.