Conservateurs, néo-démocrates et libéraux se sont tous trois posés comme les champions de la classe moyenne, mercredi, au moment où l'économie mondiale fait de nouveau des siennes.

Stephen Harper a courtisé les électeurs en leur promettant des mesures pour faciliter l'accès à la propriété, alors que ses rivaux ont attaqué son bilan économique.

Le chef conservateur s'est engagé à faire passer les retraits des Régimes enregistrés d'épargne-retraite (REER) permis pour la mise de fond de l'achat d'une première maison de 25 000 $ à 35 000 $, une mesure qui coûterait 30 millions $ dès 2017.

En point de presse à Vancouver, où le prix mirobolant des maisons empêche de nombreuses familles d'acquérir une propriété, il a également annoncé qu'il se pencherait sur le phénomène de la spéculation immobilière par les investisseurs étrangers. Selon ses données, pas moins de 15 pour cent des condos de la métropole de la Colombie-Britannique sont actuellement vacants.

M. Harper a été interrogé sur la dévaluation par la Chine de sa monnaie, une décision qui pourrait créer encore davantage d'instabilité dans le paysage économique mondial. Il a soutenu que malgré les difficultés à l'étranger, le Canada parvenait à tirer son épingle du jeu.

«L'alternative offerte par le NPD et les autres sont des grosses augmentations de dépenses, financées par les grosses hausses de taxes et d'impôts et des déficits sans fin», a-t-il lancé.

Mais son point de vue est évidemment loin d'être partagé par ses adversaires politiques, à commencer par le chef néo-démocrate Thomas Mulcair, qui espère que les électeurs lui donneront la chance de «réparer les dommages» des conservateurs.

Dans le comté bleu de Lévis-Bellechasse qu'occupe le ministre de la Sécurité publique Steven Blaney depuis 2006, M. Mulcair a soutenu que «Stephen Harper n'a rien fait pour la région» de Québec, malgré sa popularité dans ce coin de la province. Il a notamment cité le chantier de la Davie, qui n'a pas récolté sa part du gâteau des contrats fédéraux, et a déploré que les Québécois assis au conseil des ministres aient bien peu l'oreille du premier ministre.

En Saskatchewan, le chef libéral Justin Trudeau a lui aussi critiqué le bilan économique de M. Harper. «Lorsqu'un plan ne fonctionne pas, on ne s'y accroche pas, on le change», a-t-il affirmé.

M. Trudeau a par ailleurs plaidé qu'en dépit de ses paroles, M. Mulcair «ne lèvera pas un doigt» pour aider la classe moyenne. Il a tourné en dérision sa promesse de hausser le «salaire minimum fédéral», un engagement qui donne de «faux espoirs» aux travailleurs des cafés, boutiques et restaurants dont les secteurs d'activités ne relèvent pas des compétences fédérales.

M. Trudeau a avancé que la croissance économique devait partir du «coeur», un commentaire qui s'est attiré les railleries de M. Mulcair. «On ne peut pas créer des emplois avec des slogans à l'eau de rose», a-t-il rétorqué.

Wright-Duffy

La reprise du procès du sénateur déchu Mike Duffy a amené de l'eau au moulin des chefs néo-démocrate et libéral, bien que le témoignage de l'ex-chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright, n'ait jusqu'ici pas révélé beaucoup de neuf dans le scandale.

«C'est peut-être Nigel Wright qui est à la barre des témoins, mais c'est Stephen Harper dont on fait le procès aujourd'hui», a illustré M. Mulcair, accusant le chef conservateur d'avoir dit «une chose et son contraire» dans le dossier.

M. Harper s'est à nouveau défendu, répétant pour la énième fois qu'il avait cru que M. Duffy avait lui-même remboursé les 90 000 $ qu'il devait au Sénat pour avoir facturé des dépenses jugées inappropriées.

«Quand j'ai découvert que ce n'est pas ce qui s'est passé et qu'en fait, elles avaient été remboursées par quelqu'un d'autre, nous avons rendu cette information publique et avons pris les actions appropriées contre ceux qui étaient impliqués», a-t-il expliqué. Le sénateur avait en effet encaissé un chèque personnel de M. Wright qui lui a permis de rembourser la chambre haute.

Dans un communiqué, les libéraux ont demandé à ce que Marjory LeBreton, qui agit à titre conseillère auprès de M. Harper, se retire de la campagne conservatrice. Le nom de Mme LeBreton, qui était leader du gouvernement au Sénat au moment du scandale, a été cité dans un échange de courriels déposés en preuve en cour mercredi. Les libéraux déplorent qu'elle ait tenté d'adoucir un rapport sur les dépenses de M. Duffy que préparait le Comité de la régie interne.