Les conservateurs remettent à l'avant-plan l'enjeu de la sécurité après une première semaine de campagne centrée sur la question de l'économie au cours de laquelle leur bilan a été sévèrement critiqué par leurs adversaires.

Après s'être engagé à mettre fin à ce qu'il a qualifié de «tourisme terroriste», dimanche, le premier ministre sortant Stephen Harper a promis lundi de créer un nouveau programme triennal doté d'un budget de 9 millions $ afin de soutenir les minorités religieuses persécutées au Moyen-Orient.

Il a profité de chaque annonce pour attaquer avec virulence les positions des libéraux et des néo-démocrates sur la mission militaire que mène le Canada aux côtés de ses alliés en Irak et en Syrie contre le groupe armé État islamique (ÉI).

Une politique dépourvue d'un volet militaire se résumerait à larguer de l'aide humanitaire «sur des personnes mortes», a martelé M. Harper dans le cadre d'un passage dans une église copte orthodoxe de Markham, dans la grande région de Toronto.

Et laisser les combattants du groupe armé ÉI continuer à perpétrer leurs atrocités «créerait des millions, des dizaines de millions de réfugiés et de victimes sur une base mensuelle», a-t-il insisté, entouré de représentants de diverses communautés religieuses.

Le chef conservateur donne ainsi le coup d'envoi à la deuxième semaine de campagne en braquant les projecteurs sur la question du terrorisme, s'étant engagé dimanche à instaurer une interdiction de voyage dans certaines régions contrôlées par des groupes terroristes.

Invité à préciser de nouveau les détails de ce plan, lundi, il l'a justifié en plaidant qu'il existait déjà une mesure similaire en Australie - passible d'une peine de 10 ans d'emprisonnement - et que le tourisme dans ces régions n'était en outre pas «un droit humain».

«Ce ne sont pas des régions où des familles font des visites. Ce sont des régions où des terroristes tuent des visiteurs. Il n'y a pas de droit humain de rendre visite à l'État islamique. Sérieusement», a-t-il ironisé.

L'argument du droit humain est loin de convaincre le chef libéral Justin Trudeau, qui a réitéré ses appréhensions lors d'un point de presse organisé pour marquer le lancement de sa campagne au Québec, lundi.

«À chaque fois qu'un gouvernement choisit de limiter ces droits, il doit être en mesure (...) de dire pourquoi c'est nécessaire, comment ça va fonctionner et quel est le plan clair», a-t-il fait valoir à Montréal.

M. Harper y est donc tout simplement allé d'une «proposition électoraliste» illustrant à quel point il «veut clairement à tout prix parler de n'importe quoi sauf de l'échec de son plan économique», a complété M. Trudeau.

La promesse de criminaliser le «tourisme terroriste» n'a pas impressionné davantage le chef néo-démocrate Thomas Mulcair, qui se dit prêt à appuyer toute mesure pouvant combattre efficacement le terrorisme, ce que cet engagement ne permettrait pas d'accomplir, selon lui.

Lancement perturbé

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) a consacré sa journée de lundi à la promotion de son autobiographie, «Le courage de ses convictions», parue mercredi dernier chez Michelle Tisseyre Éditeur.

En matinée, à Toronto, il a été brièvement interrompu par des manifestants qui souhaitaient le presser de prendre position sur le projet d'oléoduc Énergie Est.

Alors que M. Mulcair lisait des passages de la version anglaise de son ouvrage, quelques personnes se sont levées et ont déployé des banderoles.

Elles ont hurlé «Arrêtez Énergie Est» avant d'être promptement escortées à l'extérieur de la salle par les responsables de la sécurité du chef du NPD.

Au moins l'une d'entre elles est par la suite revenue à la séance de dédicace et a pris la pose le temps d'une photo avec Thomas Mulcair.