Le Canada est-il en récession? Après l'avoir apparemment reconnu lors du débat électoral de la veille, le chef conservateur Stephen Harper a préféré éluder les questions à ce sujet, vendredi.

En ce lendemain de débat, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, se félicitait d'être parvenu à arracher un aveu au premier ministre sortant, ce dernier n'ayant pas nié que le pays était en récession.

«On a réussi à faire admettre à M. Harper qu'on était dans une deuxième récession», a tranché M. Mulcair vendredi matin lors d'un point de presse à Toronto.

Le chef du Parti conservateur, lui, ne semblait pas avoir envie de revenir sur la question.

Invité à préciser sa pensée en point de presse à Richmond Hill, en Ontario, il a esquivé les questions directes de deux journalistes, préférant faire valoir que «80% de l'économie canadienne est en santé et en croissance».

Il est ensuite passé à l'offensive, accusant ses adversaires de réserver aux Canadiens un plan qui consiste à hausser les taxes et les dépenses, ce qui plongerait le pays dans des «déficits permanents» - un véritable mantra depuis le début de la campagne électorale.

La veille, sur le plateau du débat des chefs, M. Harper a lancé «je ne nie pas cela» après que le chef néo-démocrate eut soutenu que le Canada était «à un mois d'une récession technique par définition», voire «déjà en récession».

Des membres de l'équipe conservatrice ont néanmoins corrigé le tir, vendredi, assurant que le premier ministre sortant faisait référence, en ne niant pas, aux données sur la contraction de l'économie évoquées par Thomas Mulcair au début de son intervention.

Le thème de l'économie a continué à dominer en cette sixième journée de campagne, à la grande satisfaction de Justin Trudeau, qui s'est de nouveau attaqué à l'héritage économique du Stephen Harper.

Il n'a pas voulu s'avancer sur le temps que pourrait mettre un gouvernement libéral à redresser les finances publiques. «Nous nous sommes engagés à équilibrer le budget. Mais le temps que ça prendra pour y arriver dépendra de la taille du gâchis que M. Harper nous a laissé», a-t-il raillé.

Les trois chefs ont passé leur journée dans la grande région de Toronto, riche en sièges électoraux.

À plusieurs centaines de kilomètres à l'est de là, le leader du Bloc québécois s'indignait d'avoir été exclu du débat anglophone de la veille, organisé par Maclean's, où il a été question de... référendum.

«J'ai trouvé ça surréaliste», a laissé tomber Gilles Duceppe en entrevue avec La Presse Canadienne.

Il peine à réconcilier le fait que les partis fédéralistes martèlent que l'enjeu de la souveraineté n'intéresse plus personne, mais que leurs chefs y aient consacré une importante portion d'un débat auquel il n'avait pas été invité.

«Ces gens-là, que j'appelle le Bloc canadien, n'arrêtent pas de dire que les Québécois ne sont plus intéressés par ça, ils m'excluent du débat et ils prennent une demi-heure pour parler comment les Québécois devront décider et quelles règles ils vont nous imposer», a poursuivi M. Duceppe.

La question des débats électoraux, qui fait l'objet d'intenses négociations stratégiques depuis plusieurs semaines, devrait revenir sur le tapis dans les prochains jours, le NPD devant dévoiler lundi «la liste finale des débats auxquels M. Mulcair participera».

Le chef néo-démocrate a fait valoir vendredi après-midi, lors d'une escale à Peterborough, en Ontario, qu'il avait «toutes les intentions» de prendre part à d'autres joutes oratoires.

«Mais il va sans dire que comme Stephen Harper est la personne que je cherche à battre et remplacer, je participerai aux débats où il est présent. Autrement, cela n'aurait pas vraiment de sens, n'est-ce pas?»

Pour l'instant, le seul autre débat auquel les chefs - incluant Gilles Duceppe - ont confirmé leur présence est le face-à-face de TVA, qui doit se tenir le 2 octobre.