À moins d'une semaine du vote, le chef conservateur Stephen Harper passe en mode minimaliste.

Ralentissant le rythme de sa campagne, esquivant les questions, réduisant ses réponses la plupart du temps à une simple phrase: M. Harper semble déterminé à éviter à tout prix les vagues.

D'ordinaire habile pour esquiver les questions controversées, Stephen Harper a atteint un niveau de défilement sans précédent, hier: son point de presse avec les médias nationaux a duré moins de 10 minutes, sans compter qu'il répond à chacune des quatre questions en anglais et en français.

Ne dérogeant pas d'un iota de son message, il a continué de marteler qu'il avait besoin d'une majorité de sièges pour poursuivre la reprise économique.

Interrogé au sujet d'un nouveau rapport qui affirme encore une fois que l'entretien des avions de chasse F-35 coûterait des milliards de plus que l'estimation prévue par le gouvernement, le chef conservateur a maintenu sa position, catégorique.

«Les rapports que vous citez comparent des pommes avec des oranges. Nos experts ont présenté les chiffres détaillés et tout est prévu à même ce budget», s'est-il contenté de répondre.

Alors que la situation en Syrie se détériore, M. Harper a refusé d'expliquer pourquoi son gouvernement n'intervenait pas, comme il l'avait fait dans le cas de la Libye. «Nous condamnons fortement la violence contre les manifestants et citoyens de ce pays, a-t-il souligné. Nous travaillerons avec nos partenaires et alliés pour déterminer les étapes nécessaires. Dans le cas de la Libye, nos actions sont basées dans le cadre d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies.»

Or, dans les faits, le Canada avait nolisé des avions pour évacuer ses ressortissants et envoyé un navire militaire bien avant que l'ONU n'adopte une zone d'exclusion aérienne.

Lundi, plus de 480 prisonniers se sont évadés de la prison de Sarpoza, à Kandahar, en Afghanistan, où le Canada a investi plus de 4 millions de dollars pour améliorer la sécurité.

La réaction de Stephen Harper: «Nous sommes déçus de ce développement. Mais en Afghanistan, il y aura parfois des déceptions. C'est un pays difficile. Mais nous allons continuer à travailler avec les autorités afghanes pour améliorer la situation.»

Montée du NPD

Alors qu'il critique ouvertement le NPD dans ses discours en anglais, le chef conservateur refuse constamment de répondre aux questions sur la montée du NPD, et le fait que les électeurs québécois qui désertent le Bloc semblent se tourner davantage vers un parti fédéraliste à l'opposé du spectre politique par rapport aux conservateurs.

«Je suis convaincu que nous aurons plus de représentants québécois, dans un gouvernement majoritaire, après cette élection», s'est-il contenté de répondre.

S'il répète souvent les mêmes phrases en anglais et en français dans ses discours, il ne critique jamais le NPD dans la langue de Molière.

C'est que la vague orange, au Québec, pourrait bien aider les conservateurs à maintenir, ou même gagner, certains sièges, advenant que le NPD gruge surtout les appuis du Bloc québécois.

Mais la stratégie pourrait aussi se retourner contre les conservateurs: les chiffres des plus récents sondages tendent à donner une telle avance au NPD que les troupes de Jack Layton pourraient bien doubler l'ensemble des autres partis dans plusieurs circonscriptions.