Le Parti conservateur promet d'équilibrer le budget un an plus tôt que prévu, après en avoir laissé planer la possibilité dans le budget fédéral, il y a deux semaines.

Les troupes de Stephen Harper comptent y parvenir en 2014-2015, en coupant au moins 5 % des dépenses du gouvernement, grâce à un «Examen stratégique et opérationnel» qui engendrera des économies annuelles de quatre milliards de dollars.

Le déficit du budget fédéral est actuellement de 40,5 milliards de dollars. Le Parti conservateur espère ainsi engendrer un surplus de 3,7 milliards en 2014-2015, plutôt que de maintenir un déficit de 300 millions, comme le prévoyait le plan initial.

La plateforme conservatrice rendue publique vendredi matin, intitulée «Ici pour le Canada» ne donne par contre aucun détail quant aux dépenses et aux programmes qui seraient ainsi réduits ou coupés pour parvenir à cet objectif.

La réduction de 5 % serait divisée entre les programmes et les dépenses d'opérations à parts presque égales, a laissé entendre M. Harper. «Nous ne sommes pas en train d'envisager des coupes majeures dans des programmes», a-t-il cependant insisté.

«Ce qu'on envisage dans cet exercice, c'est quelque chose qui n'a pas été fait depuis plus de 15 ans: couper dans les dépenses d'opération du gouvernement», a-t-il ajouté.

À cet égard, il a donné l'exemple des quelque 80 000 fonctionnaires qui prendront leur retraite au cours des prochaines années, qu'il n'entend pas tous remplacer, et la consolidation de «notre système informatique fragmenté à travers le gouvernement».

«Tous les réseaux médiatiques de ce pays ont documenté le fait que ces coûts ont augmenté rapidement avec les années, a conclu M. Harper. Nous savons que nous pouvons couper dans le gras.»

Six milliards

Les nouvelles dépenses pour les deux prochaines années s'élèveraient à près de six milliards de dollars, si on additionne celles qui avaient déjà été annoncées dans le budget et celles promises dans la plateforme, dont les 2,2 milliards $ réclamés par Québec pour le dossier de l'harmonisation de la taxe de vente.

En comparaison, les promesses des libéraux s'élèvent à plus de 10 milliards de dollars sur deux ans.

«Le plan Harper: maintenir les taxes et les impôts bas pour stimuler la croissance économique et la création d'emplois», peut-on lire sur la couverture de la plateforme. Le parti tente ainsi de se distinguer de ce qu'il décrit comme une approche libérale dépensière et financée par des augmentations fiscales.

Autres promesses

Parmi les autres promesses, on trouve entre autres celle d'adopter les projets de loi du gouvernement Harper en matière de loi et d'ordre dans les 100 premiers jours de la prochaine session parlementaire. Les partis de l'opposition ont renversé le gouvernement il y a deux semaines en raison de son refus de fournir tous les coûts relatifs à ces politiques.

Le document réitère également plusieurs engagements antérieurs, dont celui de limiter la durée du mandat des sénateurs et d'encourager les provinces à mettre sur pied un système pour les faire élire; d'éliminer progressivement la subvention aux partis politiques au cours des trois prochaines années; et de donner plus de sièges à l'Ontario, la Colombie-Britannique et l'Alberta à la Chambre des communes, sans en enlever au Québec.

Par ailleurs, le Parti conservateur renouvelle son refus de financer un amphithéâtre dans la ville de Québec: «Nous allons maintenir la politique du gouvernement fédéral consistant à ne pas financer d'installations de sport professionnel et nous allons l'appliquer uniformément au pays», peut-on lire.

Le document en dit cependant très peu sur le controversé périmètre commun que le Canada et les États-Unis ont annoncé qu'ils mettraient sur pied afin de protéger leurs frontières et de stimuler les échanges commerciaux. «Nous n'allons pas supprimer ou remplacer la frontière, mais nous allons la rationaliser et la décongestionner dans la mesure du possible», a-t-on expliqué.

Duceppe reste sceptique

Même si les conservateurs viennent de promettre dans leur plateforme qu'ils indemniseraient Québec à hauteur de 2,2 millions pour l'harmonisation de ses taxes de vente, Gilles Duceppe reste sceptique.

«(Les conservateurs) se moquent complètement des électeurs, a-t-il réagi. Ils auraient pu le déposer dans le budget et ils ne l'ont pas fait. Ils peuvent le faire d'ici le 2 mai.»

Il a ajouté: «Moi je le crois quand les choses sont proposées en Chambre dans un budget. C'est là que je crois. Sinon, ce sont des palabres.»

Le Bloc accuse aussi les conservateurs de faire des promesses qui pourraient entrer en vigueur après la fin de leur mandat, comme le crédit d'impôt pour activité physique des adultes à partir de 2015.

«C'est de la stratégie politique... Parlons des choses qui vont se dérouler dans le prochain mandat», a-t-il lancé. Il remet en question la pertinence des conservateurs de prédire l'état des finances publiques dans quatre ans. «En 2005, qui évoquait ce qui allait se passer en 2008», a-t-il dit, en référant à la crise économique.

- Avec Paul Journet