Sans lui consacrer des pages entières, l'ensemble de la presse française a commenté la «victoire en demi-teinte» des conservateurs aux élections, en l'analysant surtout à travers le prisme de la crise financière.

Cette crise, note Le Monde, a placé Stephen Harper «sur la défensive en fin de campagne».

«Ce scrutin était le premier dans un pays du G7 à se dérouler dans la foulée de la tourmente financière mondiale, a fait remarquer le journal financier Les Echos. Et M. Harper est parvenu à convaincre un nombre suffisant d'électeurs qu'il était le plus apte à diriger le pays dans la situation incertaine actuelle.» Selon le quotidien, le chef conservateur «ne s'attendait sans doute pas à une aggravation aussi rapide de la tourmente financière mondiale, qui a modifié la physionomie de la campagne».

«La crise financière s'est retournée contre Stephen Harper», a résumé de son côté Le Nouvel Observateur.

Dans L'Express, le journaliste Jean-Michel Demetz, un des meilleurs spécialistes français des questions canadiennes, parle pour sa part d'une «victoire étriquée», qu'il attribue aussi à la personnalité du premier ministre.

«Le succès étroit du conservateur Harper (...) tient certainement à une froideur parfois brutale qui masque mal une volonté souvent agacée de tout contrôler, laquelle inquiète nombre de Canadiens, notamment au Québec», analyse Demetz.

Il n'a évidemment échappé à personne en France que la victoire des conservateurs n'était «pas un succès total», puisqu'ils «auront besoin de nouer des alliances pour gouverner» (La Tribune).

Pour la presse française, le grand perdant de ce scrutin est sans aucun doute le chef libéral Stéphane Dion. Il «n'aura pas la tâche facile au sein de son propre parti et pourrait devoir abandonner son poste dans les prochains mois si la grogne prend de l'ampleur», a expliqué Le Monde à ses lecteurs.

«Si aucun leader ne parvient à s'imposer, les libéraux de l'impopulaire Stéphane Dion ont subi une véritable déroute, leur pire défaite depuis près d'un quart de siècle», a pour sa part signalé Le Figaro, pour qui «les grands gagnants de ce scrutin sont les souverainistes, dont le parti a résisté à une débâcle annoncée».