Les enseignants qui comptent une majorité d’élèves en difficulté dans leurs groupes pourraient obtenir des primes pouvant atteindre 8000 $ si Québec ne réussit pas à ouvrir de nouvelles classes ou à leur fournir de l’aide supplémentaire, prévoit l’entente de principe entre Québec et les enseignants de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) obtenue par La Presse.

La composition de la classe était citée comme un élément central des négociations avec Québec par bien des enseignants de la FAE, qui ont été en grève et sans salaire pendant plus d’un mois, en novembre et décembre derniers.

L’entente de principe, qui doit être entérinée par les 66 500 membres dans les prochaines semaines, prévoit des « mesures d’atténuation » si des cohortes d’élèves sont composées de trop d’élèves en difficulté.

Au primaire, ces mesures s’appliquent dès que 60 % des élèves sont en difficulté. Au secondaire, ce seuil est fixé à 50 %. Pour fixer ces seuils, les centres de services scolaires devront prendre en compte « tous les élèves détenant un plan d’intervention intégré en classe ordinaire ».

Au primaire, c’est 19,1 millions que Québec met sur la table. Lorsque « le cumul des difficultés [des élèves] atteint un seuil de 60 % », il y a ouverture de groupes, « sous réserve de locaux et d’enseignants légalement qualifiés disponibles dans la cohorte visée ».

Si l’ouverture de groupes est impossible, des mesures d’atténuation sont alors prévues, par exemple des aides à la classe ou encore des services particuliers. Si aucune de ces mesures ne peut être appliquée, le versement d’une prime de 8000 $ est prévu, « au prorata du temps réellement travaillé auprès des élèves de cette cohorte ».

Au secondaire, c’est 14,2 millions qui sont prévus pour aider les profs. Le seuil d’élèves en difficulté est fixé à 50 % par cohorte. On table « prioritairement » sur l’ajout de techniciens en éducation spécialisée, mais l’ouverture de groupes est aussi prévue, si des enseignants peuvent être embauchés.

L’entente prévoit que les enseignants soient « consultés quant à la répartition des mesures d’atténuation octroyées à leur cohorte ».

La Fédération autonome de l’enseignement n’a pas souhaité commenter l’entente de principe. « La volonté de la FAE demeure la même : respecter le processus démocratique », a déclaré le syndicat à La Presse.

En décembre, alors que le syndicat était toujours en négociation avec Québec, la présidente de la FAE, Mélanie Hubert, avait expliqué que la composition de la classe était un « enjeu majeur » de cette négociation.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La présidente de la FAE, Mélanie Hubert

Des aides à la classe

L’entente prévoit le déploiement de 4000 aides à la classe dès la prochaine rentrée scolaire. Ces aides, souvent du personnel des services de garde et des techniciens en éducation spécialisée, seront répartis « en apportant une attention particulière aux classes à défis particuliers identifiées par le mécanisme sur la composition de la classe et aux enseignants en insertion professionnelle ».

« Le service d’aide à la classe ne peut se substituer aux services de soutien et professionnel », lit-on dans l’entente de principe.

La Fédération autonome de l’enseignement compte neuf syndicats affiliés, situés à Montréal, Québec, Laval, mais aussi dans les Laurentides, en Estrie et en Outaouais. Au terme d’une grève de plus de 20 jours, la FAE a recommandé à ses membres d’accepter cette entente de principe. La plupart en prendront connaissance en détail la semaine prochaine.

Sur le plan salarial, la FAE a obtenu la parité avec la proposition d’entente du Front commun syndical, qui prévoit des augmentations salariales de 17,4 % sur cinq ans.