(Montréal) La présidente de la FTQ, Magali Picard, refuse de blâmer la FAE, qui avait rejeté l’idée même de faire partie du front commun du secteur public, et qui s’est ainsi retrouvée seule à faire un mois de grève.

Lorsque les négociations avaient cours entre les organisations syndicales pour constituer le front commun du secteur public, en 2022, l’ancien président de la FTQ, Daniel Boyer, avait dit en entrevue souhaiter former une coalition « la plus large possible » et s’était montré ouvert à toutes les organisations.

La Presse Canadienne avait alors sondé plusieurs grands syndicats du secteur public, dont la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). Et son président d’alors, Sylvain Mallette, avait rejeté du revers de la main toute idée de faire partie du front commun intersyndical.

En entrevue, il avait répondu que la FAE était capable de négocier seule et qu’elle n’était nullement intéressée à faire partie du front commun. Il avait même invité le front commun à s’abstenir de contacter la FAE, ajoutant qu’il s’agirait d’une pure perte de temps.

Interrogée mardi à savoir s’il s’agissait alors d’une erreur de stratégie de la part de la FAE, la présidente de la FTQ n’a pas voulu la critiquer, pour des raisons éthiques. Elle a toutefois déploré le fait que la décision n’ait été prise que par le président d’alors de la FAE, sans discussion, sans rencontre.

« Si c’était à refaire, je pense qu’une rencontre au minimum s’imposerait. Si on avait demain matin à remettre sur pied un front commun, au lieu de se parler à travers les médias, je pense que ce que moi je préconiserais, c’est d’avoir une rencontre face à face et d’être capable de voir si la possibilité est la bonne ou pas », a conclu Mme Picard.

L'entente, « un exemple à suivre » pour le privé

Les augmentations de salaire de 6 % par année et une protection contre l’inflation, comme celles que le secteur public vient d’obtenir, sont soutenables aussi dans le secteur privé. D’ailleurs, les conventions collectives devraient toujours être signées avec une clause de protection contre l’inflation, estime Magali Picard.

Alors que l’entente de principe du secteur public sera soumise aux 420 000 membres jusqu’à la mi-février et qu’elle prévoit une protection contre l’inflation et une augmentation de 6 % dès la première année, Mme Picard croit que « c’est l’exemple à suivre » aussi dans le privé.

De grands syndicats affiliés à la FTQ, comme les Métallos et Unifor, ont obtenu de semblables augmentations dans la dernière année, voire davantage dans certains cas.

Au plan politique, la FTQ dit craindre la montée du chef conservateur Pierre Poilievre au fédéral. Elle prévient que « la FTQ ne restera pas silencieuse » face à sa « campagne de charme » pour « avoir l’air du bon gars ».