Pendant ce temps, les centaines de milliers d’élèves dont les enseignants sont représentés par la FAE ont entamé lundi une deuxième semaine sans école.

Le front commun syndical va passer à une nouvelle étape de sa séquence de débrayage, malgré l’intervention d’un conciliateur. Ses 420 000 membres tiendront d’autres jours de grève, qui pourraient débuter à compter de la fin de la semaine prochaine.

Les leaders de la CSN, de la FTQ, de la CSQ et de l’APTS en feront l’annonce à 11 h ce mardi à Montréal. Le front commun a le mandat de recourir ultimement à la grève générale illimitée, mais il ne serait pas question d’imiter les 66 000 enseignants de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) pour l’instant. On parle plutôt à ce stade-ci de quelques jours de grève consécutifs à compter de la fin de la semaine prochaine ou au début de la suivante. La loi prévoit qu’un avis de grève doit être envoyé sept jours ouvrables avant un débrayage.

Le front commun a tenu quatre jours de grève jusqu’ici ; une première journée le 6 novembre, puis trois journées consécutives du 21 au 23 novembre.

À la demande des syndicats, le gouvernement Legault a annoncé la semaine dernière la nomination d’un conciliateur dans l’espoir d’en arriver à un accord négocié. Le front commun considère que la conciliation a permis de faire avancer les discussions, mais qu’on est encore loin de voir un terrain d’entente à l’horizon.

Une deuxième semaine sans école pour 500 000 élèves

Pour environ 500 000 élèves de la province, c’est une deuxième semaine sans école qui s’est entamée lundi. Si les négociations se poursuivent à Québec, il est encore difficile de prévoir combien de temps encore les écoles seront fermées. Chez les parents, on trouve la situation « inquiétante ».

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Rassemblement de la FAE près du parc Jarry, à Montréal, jeudi dernier

Mardi, ce sera la sixième journée sans école pour ces centaines de milliers d’élèves répartis dans 12 centres de services scolaires de Montréal, Laval, Québec, mais aussi en Estrie, dans les Laurentides, en Outaouais et en Montérégie. Leurs profs sont représentés par la FAE et sont en grève générale illimitée.

Porte-parole du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec (RCPAQ), Sylvain Martel observe que malgré qu’il y ait 983 écoles actuellement fermées, on ne sent pas « un empressement » à régler.

« J’ai l’impression que les écoles vont rester fermées toute la semaine encore », dit M. Martel. « Je suis un peu découragé par le rythme de ces négociations », ajoute celui qui représente environ 200 000 parents d’élèves, dont ceux de Montréal et de Laval.

« Imaginons une autre circonstance où il y a 900 écoles fermées, on serait en mode panique pour les rouvrir le plus vite possible. C’est une négociation : il y a des gens qui ont les clés en main pour les rouvrir, ces écoles », dit M. Martel, qui ajoute que la solution est aux tables de négociations.

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Sylvain Martel, porte-parole du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec

À la FAE, on indiquait lundi que les négociations se poursuivaient à Québec.

« Il faut retourner à l’école avant Noël »

Tous les élèves de la province ne sont pas à la maison. Depuis vendredi, les centres de services dont les enseignants sont affiliés à la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) ont rouvert leurs écoles.

Mais comme il y a deux syndicats d’enseignants, il y a deux manières de gérer ce conflit de travail avec le gouvernement. Du côté du Front commun, auquel appartiennent les profs de la FSE, on a observé trois jours de grève la semaine dernière. Aucune autre journée n’est prévue, pour l’instant.

Les parents s’y perdent parfois. Sur la page Facebook du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), on pose la question : les écoles sont-elles ouvertes, ou pas ?

Un rappel sera envoyé aux parents ce mardi, dit le CSSDM.

« Nous avons prévu faire un rappel demain, car nous souhaitions d’abord laisser place aux négociations du week-end pour réévaluer la situation. Nous enverrons le rappel en fonction du contexte actuel. Nous tiendrons également informés les parents des développements dès qu’ils seront connus », écrit son porte-parole, Alain Perron.

La Fédération des centres de services scolaires, qui représente 61 CSS, s’inquiète-t-elle de l’iniquité entre les différentes écoles ? Cette fédération n’a pas voulu nous accorder d’entrevue à ce sujet parce qu’elle représente les employeurs.

« Nous avons choisi de laisser cours à la négociation et de faire confiance aux diverses parties pour que tout se déroule dans les meilleures conditions », nous a-t-on répondu.

Certains élèves du Québec ont connu des écoles fermées trois jours la semaine dernière, tandis que d’autres seront probablement sans école au moins deux semaines. « C’est inquiétant », dit Sylvain Martel.

En attendant un possible dénouement dans les négociations, les parents s’organisent tant bien que mal. Les grands-parents, venus nombreux à la rescousse la semaine dernière, ne sont pas une solution miracle.

« Il y a des petits réseaux de parents qui se sont créés, mais encore là, il y a des iniquités : c’est plus facile à faire en banlieue, ou encore à Montréal ou à Québec. J’ai une collègue qui vit dans un village de 300 personnes : oui, ça s’entraide, mais t’arrives au bout des gens qui peuvent t’aider », illustre Sylvain Martel.

« Il faut retourner à l’école avant Noël », ajoute le porte-parole du RCPAQ. « Ne pas retourner en classe avant les Fêtes, ça serait irréparable pour l’année scolaire de beaucoup d’enfants », conclut-il.

– Avec Alice Girard-Bossé, La Presse, et La Presse Canadienne