(Québec) Le gouvernement caquiste pourrait légiférer pour colmater une « faille » de la loi 101 : des milliers de jeunes immigrants suivent leur formation professionnelle en anglais, même si leurs deux parents sont allophones.

Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, a ainsi réagi mardi à un article du quotidien Le Devoir, révélant qu’en 20 ans, plus de 140 000 néo-Québécois ont suivi une formation professionnelle en anglais, en contradiction avec l’esprit de la Charte de la langue française.

M. Roberge a refusé de parler d’une brèche, mais a plutôt évoqué une faille.

Mardi, le Parti québécois (PQ) avait déposé une motion pour que les centres de formation professionnelle et les centres de formation aux adultes soient assujettis aux dispositions de la Charte de la langue française. La CAQ avait refusé d’en débattre.

« Il y a une brèche qui a été identifiée par Le Devoir et qui n’a pas été comblée, alors, on a tenté de faire quelque chose, et la CAQ nous a dit non », a déploré le député péquiste Pascal Bérubé, en mêlée de presse.

« Alors, ça va de mieux en mieux, et je pense qu’il y a des indicateurs qui le démontrent », a-t-il ironisé.

« Il est allé dire qu’on refusait le débat, c’est le contraire », a riposté M. Roberge mercredi matin, pour tenter de justifier son refus.

Il soutient qu’il a voulu élargir la portée de la motion en ajoutant la formation générale des adultes, un amendement qui aurait été refusé par le PQ.

M. Roberge a demandé une analyse de la situation à son ministère et il se pose de nombreuses questions auxquelles il n’a pas de réponse.

« Combien d’étudiants étudient en formation professionnelle ? En formation générale des adultes ? En formation professionnelle en anglais ? Leur origine, est-ce que ce sont de nouveaux arrivants ? Leur langue de base ? Est-ce que ce sont des francophones, des allophones ou des anglophones ? »

Sans toutefois avoir ces réponses, le ministre admet qu’il « trouve ça très, très, très préoccupant, ce qui se passe en ce moment ».

Il n’écarte donc pas un projet de loi pour renforcer la Charte de la langue française.

« C’est qu’il y a de plus en plus de personnes qui utilisent cet oubli ou cette faille dans la loi. S’il y a lieu de légiférer, on va le faire. »

Les données du ministère de l’Éducation colligées par Le Devoir révélaient qu’en 2021, 10 000 néo-Québécois de 16 ans et plus étaient inscrits à la formation professionnelle en anglais.

Un peu plus du tiers de tous les étudiants allophones du Québec en formation professionnelle au secondaire ont décroché leur diplôme en anglais en 2021, apprenait-on. Et le nombre véritable pourrait être encore plus élevé, puisque ces données excluent les écoles non subventionnées.

Le PQ a été cinglant concernant le bilan du gouvernement caquiste dans la défense du français.

« On attend toujours leur plan pour le français, a dénoncé M. Bérubé. Je ne sais pas si vous avez une date d’ici à Noël. Nous, on n’en a pas, mais le français, lui, n’attend pas, puis il continue de reculer. »