Les syndicats d’enseignants trouvent « ironique » que le ministre de l’Éducation suggère aux profs de donner des travaux aux élèves en prévision du déclenchement d’une grève, dans quelques jours. Que le ministre s’occupe de faire débloquer les négociations, disent-ils.

« Les profs ne donneront pas de travail aux élèves pendant leur propre grève », dit Catherine Beauvais-St-Pierre, la présidente de l’Alliance des professeurs de Montréal.

Elle rappelle que l’objectif d’une grève, c’est de « mettre du sable dans l’engrenage ».

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Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeurs de Montréal

Jeudi, Bernard Drainville a invité les écoles à fournir le nécessaire aux enfants afin qu’ils poursuivent « un tant soit peu » leurs apprentissages.

« J’espère que les directions d’écoles, les centres de services scolaires et les profs vont effectivement donner du matériel aux enfants pour qu’ils puissent un tant soit peu continuer leurs apprentissages », a réagi le ministre Drainville.

Le ministre devrait « relire la loi qui concerne une grève légale », dit pour sa part la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, Josée Scalabrini.

« Non, les enseignants n’ont pas à faire encore plus. C’est justement parce qu’ils en font trop qu’on est en négociation », dit Mme Scalabrini. Elle estime que le ministre tente de « culpabiliser » les enseignants.

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Josée Scalabrini

Ça va être de leur faute si les élèves prennent du retard ? Ça fait des années, tous gouvernements confondus, que nos élèves prennent du retard parce qu’ils ne donnent pas les services et c’est pour ça qu’on se bat présentement. Des conditions de travail qui vont aider aux conditions d’apprentissage.

Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement

Du côté de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), on estime que si le gouvernement avait mis « tous ses efforts à régler, on n’en serait pas là ». Les 65 000 membres de ce syndicat détiennent un mandat de grève générale illimitée depuis septembre.

« On aimerait que le ministre s’occupe de faire débloquer ce qui se passe aux tables de négociations, qu’il revoie des demandes qui ne mèneront pas à une entente satisfaisante, parce qu’il y a beaucoup de choses sur la table qui vont être difficiles à régler d’ici le mois de décembre », dit sa présidente Mélanie Hubert.

La présidente de l’Alliance des profs juge elle la situation « ironique ».

« On est à la veille d’une grève générale illimitée pour améliorer nos conditions parce qu’on trouve notre tâche trop lourde, il y a une désertion de la profession et on a un ministre qui vient en ajouter une couche en nous demandant à la dernière minute de refaire notre planification pour que la grève ait un effet moins important », dit Mme Beauvais-St-Pierre.

Du côté des directions d’écoles, on estime que mettre de la « pression sur les enseignants » n’est pas la chose à faire.

« Le climat est fragile et nos équipes sont à bout de souffle. On se préoccupe des élèves, de la pertinence des travaux qu’ils ont à faire et on a vu par le passé que de déléguer les responsabilités à l’extérieur des murs de l’école ne fait qu’accroître les inégalités », a réagi l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).

Avec Hugo-Pilon Larose, La Presse