En raison du conflit de travail qui oppose des fronts syndicaux au gouvernement, bon nombre de professeurs débraieront à compter de la semaine prochaine. Mais ils ne le feront pas tous en même temps ni pour la même durée. Survol d’une situation qui pourrait causer quelques maux de tête aux parents touchés.

On entend parler d’une grève générale illimitée (GGI). C’est donc dire que toutes les écoles seront fermées jusqu’à nouvel ordre ?

Pas tout à fait. La GGI a été annoncée par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui représente quelque 66 000 membres, soit un peu moins de la moitié des enseignants dans les écoles publiques de la province. C’est eux qui entreront en GGI à compter du 23 novembre.

Comment savoir si l’enseignante de mon enfant sera en grève, elle ?

Les neuf syndicats affiliés à la FAE se trouvent dans les régions de Montréal, de la Capitale-Nationale, de Laval, de l’Outaouais, des Laurentides, de l’Estrie et de la Montérégie. Tous les centres de services scolaires de ces régions ne sont pas pour autant sous l’égide de la FAE, mais celui de Montréal, dans la métropole, l’est notamment. Il est possible de consulter la liste complète des établissements touchés sur le site de la FAE.

Consultez la liste des établissements touchés par la GGI

D’ici au 23 novembre, on peut s’attendre à un programme normal, donc ?

D’autres perturbations importantes sont à prévoir dans les jours précédant le 23 novembre. Le front commun syndical, qui représente le reste des enseignants de la province et l’ensemble des employés de soutien dans les écoles, débraiera les 21, 22 et 23 novembre. La plupart des écoles de la province seront donc fermées, mais la décision finale revient aux centres de services scolaires. Même si la FAE n’aura pas entamé sa GGI lors des deux premières journées, ses établissements seront touchés en raison de l’absence du personnel de soutien. La situation est tout autre dans les écoles privées, où les grèves ne doivent avoir aucune incidence.

Avec la GGI, seuls les enseignants débraieront. Pendant ce temps, pourra-t-on compter sur les services de garde ?

Il est vrai que le personnel de soutien, qui assure par exemple les services de garde, ne sera pas techniquement en grève. Ce faisant, la décision de maintenir ou non certaines activités reviendra à chaque centre de services scolaire. Mais il semble peu probable que ce soit le cas, estime Mélanie Hubert, présidente de la FAE. « L’intention, quand on déclenche la grève, c’est de faire cesser les activités dans les établissements […], sinon on rate un peu l’objectif », explique-t-elle. De plus, les enseignants qui, eux, seront en grève, doivent organiser tous les matins des lignes de piquetage à l’entrée des écoles. Pour la garde des enfants, Mme Hubert invite d’ores et déjà les parents à songer à un « plan B » et les employeurs à faire preuve de flexibilité.

Comment savoir ce que décidera le centre de services scolaire de mon enfant ?

La FAE recommande aux parents de se tenir au courant des informations relayées par les centres de services scolaires. Du côté du plus important centre de la province – celui de Montréal –, la directrice générale, Isabelle Gélinas, a annoncé mardi que « toutes les écoles, incluant les services de garde, seront fermées à partir du 21 novembre, pour une durée indéterminée ». Les centres de services scolaires de la Pointe-de-l’Île, Marguerite-Bourgeoys et de Laval y sont également allés d’annonces en ce sens.

Comment la grève pourrait-elle prendre fin ?

Il faudra pour cela que les enseignants de la FAE se voient offrir un « bouquet de mesures », explique sa présidente, Mélanie Hubert. « Nos membres veulent voir des avancées significatives dans l’ensemble de leurs revendications », qu’elles soient salariales ou qu’elles touchent à la composition des classes. La FAE souhaite par exemple que le salaire de ses membres rejoigne la moyenne canadienne. Elle demande par ailleurs une plus grande flexibilité quant au travail qui doit être réalisé en dehors des heures d’enseignement – qu’il puisse être fait à distance, notamment.

Et ça risque de durer ?

Dur à dire, mais les enseignants « sont déterminés à faire des changements importants pour l’école publique et pour améliorer les services rendus », affirme Mme Hubert. Elle voit dans cette lutte syndicale un mouvement d’envergure dont le coup d’envoi se fera en grande pompe avec une « grande marche », le 23 novembre. « La dernière grande grève [illimitée] en éducation, chez les enseignants, remonte aux années 1980. » La FAE ne disposant pas d’un fonds de grève, ses membres ne recevront pas de compensation financière. « Ça aussi, ça en dit long sur l’état d’esprit des profs, qui sont en colère et épuisés », assène Mme Hubert.

Avec Marie-Eve Morasse, La Presse