On ne se bouscule pas au portillon pour diriger une école : à l’image de la pénurie de professeurs, il y a aussi une pénurie de directeurs et directrices. Les associations qui les représentent veulent donc passer un message : ils ne sont pas là juste pour « chicaner les élèves ».

Ce qu’il faut savoir

  • La pénurie ne touche pas que les professeurs : il est devenu plus difficile de recruter des directeurs d’école au cours des dernières années.
  • Certains postes de direction dans les écoles ne sont pas encore pourvus à la mi-octobre.
  • Pour faire connaître la profession, les deux associations qui représentent 3000 directions d’école lancent ce lundi une campagne de publicité.

Il y a dans les écoles une vingtaine de postes de direction à pourvoir au Québec, dit la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE). Sachant qu’il y a 3000 postes de direction, la pénurie ne semble pas si aiguë.

« Les banques de relève sont complètement vides. Des postes libres à ce moment-ci de l’année [scolaire], je n’ai jamais vu ça, ce n’est jamais arrivé », dit pourtant Nicolas Prévost, président de la FQDE.

Les profs ont-ils le goût de devenir directeurs ? « Pas du tout », rétorque M. Prévost.

C’est aussi l’avis du président de l’Association québécoise du personnel de direction des écoles (AQPDE).

On sait qu’il y a des enseignants qui hésitent à passer à la direction, mais qui feraient probablement un bon travail.

Carl Ouellet, président de l’Association québécoise du personnel de direction des écoles

Les conditions sont certes différentes. « On fait en moyenne 53 heures par semaine, on a moins de vacances, les conditions d’emploi sont encore à améliorer », dit Nicolas Prévost, qui ajoute que les directions d’école ont eu une « belle reconnaissance » à la dernière négociation.

Le salaire varie en fonction du nombre d’élèves. Le salaire moyen est de 112 000 $ par année, mais une dizaine de directions de « grosses polyvalentes » de plus de 2000 élèves gagnent 140 000 $ par année, explique M. Prévost.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Le président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE), Nicolas Prévost

Les deux associations de directions lancent cette semaine une campagne de publicité à la télévision, à la radio et sur le web, pour « valoriser » la profession.

Essentiel d’être d’abord prof, disent les associations

Pour devenir directeur d’école, il faut avoir un brevet d’enseignement, mais aussi avoir un minimum d’expérience en classe et un diplôme d’études supérieures spécialisées en gestion scolaire.

Vu la pénurie de profs, ne devrait-on pas permettre à des personnes qui n’ont pas d’expérience en enseignement de devenir directeurs ?

« On n’en est pas là. Il y a quand même un bassin de 80 000 profs », mentionne Nicolas Prévost, qui dit qu’en contexte de pénurie où il y a des profs non qualifiés, « le bagage de prof » des directions d’école est essentiel.

On continue à prôner qu’il faut être enseignant : on a une meilleure idée de ce qui se passe dans les classes, on a une meilleure idée de la gestion des enseignants.

Carl Ouellet, président de l’Association québécoise du personnel de direction des écoles

En raison de la pénurie, dit-il, des gens qui n’ont pas de brevet d’enseignement ont des postes de direction, surtout en formation professionnelle et en formation générale des adultes.

Pas seulement là pour « chicaner les élèves »

La FQDE a commandé un sondage au début de 2023 pour savoir quelle perception ont les gens du travail de direction d’école.

« On nous attribue beaucoup la job administrative et celle de chicaner les élèves et du comportemental… », dit Nicolas Prévost.

C’est quoi le travail, alors ? « C’est tout l’aspect pédagogique des choses, la vie dans les écoles, la réussite des élèves, travailler sur des projets en français, en maths. C’est ça, notre quotidien, bien plus que gérer des problématiques », explique Nicolas Prévost.