Les enseignants du collège privé Regina Assumpta, dans le nord de Montréal, ont déclenché une grève d’une journée en quittant leur classe à 10 h 30 mercredi. Ils affirment qu’après 15 séances de négociation, la direction ne propose aucune solution et se « braque ». Cette grève pourrait-elle avoir un effet boule de neige dans d’autres écoles ?

La Fédération nationale des enseignants et enseignantes du Québec, qui représente 46 écoles privées, dont 11 actuellement en négociations, affirme qu’aucune autre grève n’est prévue à court terme. « Pour l’instant, c’est la première école où on fait la grève et on n’est pas rendu là ailleurs. […] À Regina, c’est plus difficile. La direction dit malheureusement non à tout. Elle bloque », explique le vice-président Léandre Lapointe.

Même son de cloche à la Fédération du personnel de l’enseignement privé, qui représente plus de 45 écoles privées, dont 25 sont en négociations cet automne. « De notre côté, on n’est pas dans cet état d’esprit. Pour l’instant, les négos vont bon train », affirme Stéphane Lapointe, président de ce syndicat affilié à la Centrale des syndicats du Québec.

Selon Léandre Lapointe, les conditions de travail des enseignants du privé sont moins avantageuses que celles du public. Dans 96 % des écoles qu’il représente, les enseignants ont le même salaire qu’au public. Or, leurs congés parentaux sont moins généreux et le nombre d’élèves par classe est souvent plus élevé au privé qu’au public.

Et ce n’est pas nécessairement vrai que les élèves sont plus « faciles » au privé, dit Léandre Lapointe.

On est rendu facilement avec 15 % à 20 % de nos jeunes qui ont des difficultés d’apprentissage ou des plans d’intervention. Le problème, c’est qu’on n’a pas les ressources, les outils et le soutien pour les accompagner.

Léandre Lapointe, vice-président de la Fédération nationale des enseignants et enseignantes du Québec

« C’est sûr qu’il y a des jeunes performants, mais certains d’entre eux viennent aussi avec de l’anxiété de performance », nuance-t-il.

Dans le réseau public, les syndicats du front commun, affiliés à la CSN, à la CSQ, à la FTQ et à l’APTS, poursuivent les assemblées générales pour obtenir des mandats de grève. Ces assemblées se tiennent jusqu’à vendredi.

Pour des classes moins nombreuses

Au collège Regina Assumpta, les enseignants réclament l’augmentation du nombre de congés de maladie et la réduction du nombre d’élèves par classe au premier cycle. Ils demandent également l’ouverture d’un local pour les élèves à besoins particuliers qui nécessitent plus de temps pour compléter leurs examens.

« C’est ultimement pour [nos élèves] que nous piquetons aujourd’hui, pour une amélioration des conditions d’enseignement », a fait savoir Patrick Lupien, président du Syndicat des enseignantes et enseignants du collège Regina Assumpta.

La centaine d’enseignants souhaite qu’il y ait une moyenne de 34,5 élèves par classe, et jamais plus de 35, en 1re, 2e et 3e secondaire. Selon le président du syndicat, les plus grandes classes comptent actuellement 36 élèves et rien dans la convention collective n’empêche la direction de gonfler les groupes. Au public, les classes comptent un maximum de 28 élèves en 1re secondaire, de 29 en 2e secondaire et de 32 en 3e, 4e et 5e secondaire.

Actuellement, la direction n’a aucune ouverture. Elle nous dit que ça va remettre son modèle d’affaires en question. Nous, on ne demande pas de faire passer les classes de 33, 34, 35 ou 36 élèves à 28. On demande juste qu’un nombre maximum soit établi.

Patrick Lupien, président du Syndicat des enseignantes et enseignants du collège Regina Assumpta

La direction du collège nie quant à elle le blocage des négociations. Julie Duchesne, directrice générale de l’établissement, affirme qu’une médiation est en cours avec une conciliatrice du Tribunal administratif du travail et qu’une rencontre est prévue la semaine prochaine. « Nous, nous sommes toujours engagés à continuer à négocier de manière responsable. On veut le mieux-être de nos élèves et on veut aussi des bonnes conditions pour nos enseignants », a expliqué Mme Duchesne.

Les parents des élèves de 1re et 2e secondaire ont été contactés en matinée pour qu’ils autorisent l’école à laisser partir leurs jeunes, sans accompagnement. Ceux dont les parents n’ont pas été joints sont restés sous la supervision de membres du personnel. Les adolescents de 3e, 4e et 5e secondaire ont pu quitter le collège de façon autonome. Les parents avaient été prévenus de la possibilité d’une grève surprise cet automne et de la marche à suivre, le cas échéant.

C’est la première fois de l’histoire du collège Regina Assumpta, soit en près de 70 ans, que les professeurs déclenchent une grève. Leur convention collective est échue depuis juin 2022.