(Québec) Bernard Drainville a tranché : il interdit aux écoles du Québec de convertir des blocs sanitaires entiers, actuellement dédiés pour filles et garçons, en toilettes mixtes. Il propose en contrepartie un compromis qu’il juge « très raisonnable et très acceptable » pour accommoder les personnes non binaires : que des toilettes individuelles et fermées soient désignées pour l’utilisation de tous.

En mêlée de presse à la reprise des travaux parlementaires, mardi, le ministre de l’Éducation est revenu sur la décision controversée prise à l’école secondaire D’Iberville, en Abitibi-Témiscamingue, qui a annoncé que des travaux sont en cours afin que les toilettes sur les trois étages soient mixtes dès la rentrée scolaire 2024-2025.

« Il n’est pas question de transformer des toilettes pour garçons en toilettes mixtes ou des toilettes pour filles en toilettes mixtes », a dit M. Drainvillle, précisant que sa décision est « ferme ».

« Nous allons maintenant réfléchir aux moyens pour comment nous allons nous assurer que cette décision-là soit respectée », a-t-il affirmé.

Éviter des moqueries

Pour justifier sa décision, le ministre de l’Éducation a expliqué qu’il avait imaginé une scène où de jeunes adolescentes qui ont leurs premières menstruations seraient la cible de moqueries de la part de leurs confrères masculins.

« J’imagine la scène, les jeunes filles de 12, 13, 14 ans qui commencent à avoir ses règles par exemple et qui sortent du cubicule et là, il y a des garçons à côté de 13, 14 ans qui les regardent. Imaginez la scène. Les moqueries, le sarcasme, l’humiliation. Vous parlez d’élèves qui pourraient être blessés, sinon meurtris par ce genre de situations », a dit M. Drainville.

« On ne veut pas aller là. Je pense qu’il faut tirer une ligne et la ligne on la tire maintenant. Il n’est pas question qu’on aille dans cette direction-là », a-t-il tranché.

Sur la question plus large des débats entourant la notion d’identité de genre, soit la « sensation ou [le] sentiment interne que nous avons tous concernant le fait d’être homme, femme, ni un ni l’autre, les deux ou de se trouver n’importe où ailleurs dans le spectre de genre », comme l’explique l’organisme Jeunesse J’écoute, Bernard Drainville affirme comme sa collègue Martine Biron, ministre responsable de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, que le gouvernement veut se doter d’un « cadre » pour encadrer ses prises de décisions.

« Sur toutes les questions d’identité de genre, nous sommes en réflexion sur le meilleur moyen de répondre aux enjeux […]. On veut se donner un cadre. Maintenant, lequel ? Nous sommes en réflexion là-dessus », a-t-il dit.