(Québec) Les débats concernant l’identité de genre et l’inclusion des personnes trans et non binaires dans la société prennent de l’ampleur en ces premiers jours de rentrée parlementaire à Québec. Pour avoir un « regard apaisé », le gouvernement mettra sur pied d’ici Noël un comité scientifique qui aura pour mission de guider les décideurs sur ces enjeux sensibles.

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a confirmé mercredi qu’il n’irait pas de l’avant avec la demande du Parti québécois (PQ) de créer une commission parlementaire sur le sujet. Mardi, Paul St-Pierre Plamondon s’inquiétait que la « gauche radicale » impose ses idéologies dans les écoles. Le chef péquiste a finalement pris un pas de recul mercredi, disant affirmer ses propos de la veille, mais promettant d’écrire une lettre ouverte dans les journaux pour expliquer le fond de sa pensée.

« On n’ira pas en commission parlementaire là-dessus. La raison est simple, c’est qu’on ne souhaite pas que cet enjeu-là, qui est très sensible, soit instrumentalisé à des fins partisanes », a tranché M. Drainville.

« Ce à quoi on réfléchit, c’est davantage un comité scientifique, un comité de sages, qui pourrait justement poser un regard très apaisé, très serein sur ces questions-là. Très scientifique, aussi. Et nous revenir avec des constats, notamment des constats sur ce qui se fait ailleurs », a-t-il précisé.

Des parents se questionnent

Selon le ministre, qui a interdit mardi aux écoles du Québec de convertir des blocs sanitaires pour les gars ou pour les filles en toilettes mixtes, plusieurs parents se questionnent comment se positionner face aux enjeux de l’identité de genre.

« Je pense qu’on est tous interpellés, qu’on soit parent, qu’on soit juste citoyen, peu importe […], ça nous interpelle tous, ces enjeux-là. Ça nous touche dans nos valeurs profondes et c’est justement ce pour quoi il faut avoir une réflexion qui est posée », a-t-il dit.

La ministre responsable de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, Martine Biron, a pour sa part déploré que le gouvernement soit forcé de gérer des cas « isolés » à la petite semaine qui pourraient se régler facilement.

« Ce qui m’achale, c’est que des gens qui sont trans et non-binaires ne puissent pas travailler correctement, vivre leur vie sans se faire agresser et sans faire l’objet d’une déferlante [de haine] », a-t-elle dit.

Des risques de dérapage

Pour sa part, le chef parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, affirme qu’une « conversation est pertinente sur ces questions-là » et que « les experts doivent être au cœur » des réflexions.

En politisant ces enjeux, « je pense que le risque, c’est qu’on se retrouve dans une situation comme celle des États-Unis où des politiciens de droite montent en épingle des cas isolés pour créer une espèce de panique comme quoi il y aurait un agenda de caché pour enlever des droits à des gens », a-t-il dit.

Le député libéral André Fortin croit quant à lui qu’une commission parlementaire, comme le réclame M. St-Pierre Plamondon, ne doit pas être la priorité. « Si on est pour se pencher sur un mandat bien particulier, il y a bien d’autres sujets qui seraient pour nous plus prioritaires de débattre », a-t-il dit.

Lors d’un point de presse à Québec, le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, a pour sa part réclamé que le gouvernement retire les notions d’identité de genre du cursus scolaire jugeant qu’il n’y avait pas un consensus large sur ces questions dans la société.

Qu’est-ce que l’identité de genre ?

Le Conseil québécois LGBT explique ce concept comme faisant « référence au genre auquel une personne s’identifie, quelle que soit sa mention de sexe à l’état civil ». L’organisme Jeunesse J’écoute explique également que l’identité de genre est « une sensation ou un sentiment interne que nous avons tous concernant le fait d’être homme, femme, ni un ni l’autre, les deux ou de se trouver n’importe où ailleurs dans le spectre de genre ».