Et découvrent les bienfaits d’une toute nouvelle classe extérieure

Le Québec a l’habitude de voir ses écoles fermer pour cause de tempête hivernale, mais un fait plus rarissime se produit en cette rentrée scolaire : une poignée de centres de services scolaires disent aux élèves de rester à la maison en raison de la canicule. Et à Laval, les jeunes d’une école secondaire découvrent les bienfaits d’une toute nouvelle classe extérieure.

Le terrain de l’école secondaire Mont-de-La Salle est vaste, aéré. Mardi, alors que l’indice humidex atteignait 40, des élèves de 3e secondaire étaient assis à l’ombre de grands arbres.

« C’est mieux ici que dans mon local. Je n’étais pas certaine que ce serait moins chaud, mais ça l’est », dit leur enseignante de mathématiques, Véronique Gaudet. C’est elle qui a proposé au conseil d’établissement de l’école d’aménager une telle classe il y a quelques années. Après un investissement d’environ 40 000 $, c’est chose faite.

« Les élèves n’ont pas l’habitude de sortir par eux-mêmes, je voulais qu’ils aillent dehors », évoque Mme Gaudet, qui profite des premiers jours d’école pour utiliser cette nouvelle classe.

Sara-Sofia et Alondra planchaient sur leurs exercices de maths.

« Il fait vraiment chaud dans nos classes », indique Sara-Sofia, 14 ans. Dehors, c’est mieux, avec « l’air, le vent », a-t-elle observé.

Dans cette école patrimoniale qui abrite plus de 2000 élèves, il fait « chaud, très chaud », affirme sa directrice Amélie Fortin.

« Ce n’est pas notre première journée de chaleur, il y a eu de tels épisodes dans les années passées, même au mois de juin dernier », dit-elle.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La directrice de l’école secondaire Mont-de-La Salle, Amélie Fortin

On est habitués. Les enseignants ouvrent les fenêtres, baissent les stores pour diminuer le soleil, la plupart des classes ont des ventilateurs, les élèves boivent de l’eau…

Amélie Fortin, directrice de l’école Mont-de-La Salle

Quant aux profs d’éducation physique, on leur a demandé de ne pas aller à l’extérieur avec leurs élèves.

Sur les réseaux sociaux, des enseignants de partout dans la province publiaient des photos de mesures de températures prises dans leurs classes, mardi. Plusieurs avoisinaient – ou dépassaient – les 30 degrés Celsius.

Au tour du Saguenay de fermer ses écoles

Le centre de services scolaire des Rives-du-Saguenay a annoncé qu’il suspendait tous les cours dans ses écoles primaires et secondaires ce mercredi. Il emboîte ainsi le pas aux écoles de l’Outaouais, qui l’avaient fait la veille.

C’est « en raison de la chaleur accablante qui s’amène à nos portes » que ce centre de services prend cette décision. Les services de garde demeurent ouverts.

En Outaouais, le centre de services scolaire au Cœur-des-Vallées a expliqué que sa « politique relative aux conditions climatiques » stipule que si la température prévue « est égale ou supérieure à 40 °C incluant le facteur humidex, le CSSCV procède à l’annonce officielle de la fermeture de toutes ses écoles primaires et secondaires pour la journée du lendemain ».

Dans la métropole, aucun centre de services scolaire n’a pris une telle décision. Le centre de services scolaire de Montréal indique que « si des parents décident de garder leur enfant à la maison, cette décision leur appartient », mais que l’absence de leur enfant doit être motivée.

Mardi, le premier ministre François Legault a estimé que la canicule qui frappe le Québec est une « belle opportunité » de laisser les gens, localement, prendre des décisions.

Je pense que la décentralisation, quand il y a des sujets comme ça, c’est ce qu’il y a de mieux. On va laisser les directeurs et les directrices d’école décider ce qu’il y a de mieux pour les enfants et agir en conséquence.

François Legault, premier ministre du Québec

À ce sujet, la présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES) a rappelé qu’il s’agissait d’une décision qui, « concrètement », relève des centres de services scolaires.

« C’est pareil l’hiver quand il y a des tempêtes. C’est toujours la décision des centres de services scolaires. Nous, on applique les décisions », a dit Kathleen Legault.

« Il faut de toute urgence accélérer la rénovation de nos écoles pour qu’elles puissent être mieux adaptées aux changements climatiques », a également plaidé Mme Legault, qui rappelle que c’est souvent dans les quartiers plus défavorisés qu’on retrouve le plus d’îlots de chaleur.

« La beauté d’une école neuve »

Au collège Citoyen de Laval, une école secondaire privée, la directrice générale Myriam Stephens observait mardi qu’il n’y avait « personne dans la cour ». C’est que les élèves ont le loisir de rester à l’air conditionné.

« C’est la beauté d’une école neuve », estime Mme Stephens, qui souligne le caractère « exceptionnel » de fermer certaines écoles à ce temps-ci de l’année en raison de la chaleur.

Elle a ajouté que son école se tenait prête à accueillir des enfants des écoles primaires publiques du quartier, si le besoin se faisait sentir. « Pour éviter qu’on perde des jours d’école », illustre Myriam Stephens.

Avec La Presse Canadienne