C’est la fin d’une saga : mardi, la toute nouvelle école Irénée-Lussier accueillera ses élèves. Il aura fallu plus d’une quinzaine d’années et le travail acharné d’une mère pour que les enfants montréalais qui ont une déficience intellectuelle avec un trouble du spectre de l’autisme puissent avoir une école adaptée à leurs besoins.

« Mon cœur explose ! »

Vendredi, Vânia Aguiar déambulait enfin dans une école dont elle rêve depuis des années. Mère d’un garçon qui l’a fréquentée et présidente de la Fondation Les petits rois, elle dit qu’il « faut prendre son mal en patience quand on a un objectif grandiose comme celui-ci ».

Henri-Louis a 28 ans, il ne fréquente plus cette école depuis quelques années, ce qui n’a pas empêché sa mère de continuer à défendre la cause de ces élèves.

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Vânia Aguiar, présidente et fondatrice de la Fondation Les petits rois. Elle milite depuis une quinzaine d’années pour que les élèves d’Irénée-Lussier aient une nouvelle école.

Elle relate toutes les démarches faites auprès de six ministres de l’Éducation pour expliquer pourquoi les jeunes qui ont un trouble du spectre de l’autisme – qui étaient jusqu’ici dans trois bâtiments différents, souvent dans des classes trop petites – ont besoin d’une école adaptée.

« On a réussi à faire entendre raison à Québec », dit-elle.

  • Bois, teintes sobres, lumière douce : l’agora représente bien l’ambiance générale de l’école.

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    Bois, teintes sobres, lumière douce : l’agora représente bien l’ambiance générale de l’école.

  • Dans l’école, deux espaces sont aménagés comme des appartements, pour que les élèves puissent apprendre à faire des tâches du quotidien.

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    Dans l’école, deux espaces sont aménagés comme des appartements, pour que les élèves puissent apprendre à faire des tâches du quotidien.

  • Différents locaux témoignent aussi des besoins différents des élèves d’Irénée-Lussier : salle sensorielle, locaux d’apaisement, coin cuisine dans chaque classe, etc.

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    Différents locaux témoignent aussi des besoins différents des élèves d’Irénée-Lussier : salle sensorielle, locaux d’apaisement, coin cuisine dans chaque classe, etc.

  • À quelques jours de la rentrée, les enseignants préparaient leurs classes, qui sont toutes dotées d’ancrages pour installer des balançoires.

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    À quelques jours de la rentrée, les enseignants préparaient leurs classes, qui sont toutes dotées d’ancrages pour installer des balançoires.

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Conçue par Marosi Troy Architectes Inc., la nouvelle école Irénée-Lussier a coûté 77 millions. Elle est située dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

« Ce sont des millions bien investis ! À partir du moment où cette clientèle est plus autonome, elle est moins sur le bras du gouvernement – on va se le dire – et a un avenir meilleur », dit Vânia Aguiar.

Pas une école ordinaire

Le centre de services scolaire de Montréal a fait visiter l’établissement aux médias à quelques jours de la rentrée. Des enseignantes préparaient leurs classes tandis que des travailleurs de la construction s’affairaient ici à installer un drapeau du Québec devant l’école, là à planter des végétaux dans la cour.

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Rhéal Lauzon, directeur de l’école Irénée-Lussier. Derrière lui, des membres du syndicat de l’Alliance des professeurs de Montréal manifestent.

« Mardi matin, les élèves pourront circuler dans l’école sans problème », assure son directeur, Rhéal Lauzon. Son enthousiasme était palpable, vendredi. « On est certains que ça va super bien aller, on a juste hâte de voir nos jeunes ! »

Ce n’est certes pas une école ordinaire que ces élèves de 12 à 21 ans découvriront : la lumière naturelle entre doucement entre ses murs. Les tons sont sobres, les corridors sont larges, les classes sont dotées d’ancrages pour installer des balançoires. Chaque classe possède un coin cuisine.

On trouve même dans l’école deux espaces qui ressemblent à s’y méprendre à des appartements : les jeunes y apprendront à faire du lavage, leur lit, à cuisiner. L’autonomie, quoi.

Différents locaux témoignent aussi des besoins différents de ces élèves : on retrouve une salle sensorielle, des locaux d’apaisement, des plateaux de travail pour favoriser l’insertion à l’emploi.

Mardi, les trois établissements qui composaient l’école Irénée-Lussier seront enfin réunis sous un seul toit.

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Les trois établissements qui composaient l’école Irénée-Lussier seront enfin réunis sous un seul toit.

« C’est bon pour les élèves : les plus jeunes vont pouvoir voir les plus vieux et se projeter », dit le directeur Rhéal Lauzon. Ils seront bien entourés : cette école compte 170 enseignants et membres du personnel pour un peu moins de 230 élèves.