L’école secondaire à trois vitesses est « au cœur des problèmes » en éducation, estime le président de la Fédération des cégeps, qui déplore que moins d’élèves issus du secondaire « régulier » au public accèdent au cégep.

Quand on lui rappelle que le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, ne considère pas l’école québécoise comme un système à trois vitesses (public, public sélectif et privé), le président de la Fédération des cégeps rétorque que c’est pourtant « au cœur de nos problèmes ».

« Oui, il y a un problème. Et je pense que c’est aussi un problème qui affecte les cégeps », affirme Bernard Tremblay.

Il renvoie aux travaux du professeur de l’Université de Montréal Pierre Canisius Kamanzi, qui révèlent qu’à 22 ans, 49 % des élèves inscrits dans le programme public ordinaire au secondaire vont au cégep, contre 91 % chez ceux inscrits dans un programme public particulier et 94 % chez les jeunes qui ont fréquenté l’école privée.

« Si on constate qu’il y a un si grand écart dans l’accès à l’enseignement supérieur, ça en fait la démonstration », a déclaré M. Tremblay en entrevue éditoriale à La Presse cette semaine.

Mixité et accessibilité

« Ça montre qu’il y a quelque chose qui se passe avant nous et qui crée une situation qui est… je ne veux pas dire discriminatoire, mais [qui entraîne] un manque d’accès. Notre système est basé sur l’accessibilité », poursuit Bernard Tremblay.

Cette accessibilité, dit-il, est « fondamentale ».

Au cours des dernières années, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer le financement par Québec des écoles privées.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

« Notre système est basé sur l’accessibilité », rappelle Bernard Tremblay.

Sans prendre officiellement position sur cette question, Bernard Tremblay dit qu’il est « normal » que sa Fédération en parle si l’école secondaire à trois vitesses affecte les cégeps. « C’est dans cette perspective qu’on peut s’impliquer dans le débat », dit M. Tremblay.

« Vous le savez comme moi, c’est au Québec qu’on finance le plus les écoles privées de tout le Canada. On réduit, tout simplement, le financement. C’est par là que ça passe », poursuit Bernard Tremblay.

Il s’agit aussi d’une question de mixité sociale, avance-t-il.

C’est un constat que comme société on devrait faire : il faut qu’il se passe quelque chose.

Bernard Tremblay, président de la Fédération des cégeps

Selon le SRAM, qui reçoit les demandes d’admission de 32 cégeps du Québec, en 2021-2022, près de 75 % des personnes admises au cégep provenaient d’établissements publics, contre 25 % d’écoles secondaires privées.

Dans l’ensemble de la province, environ 80 % des élèves fréquentent une école secondaire publique.

Plus d’élèves dans les cégeps

En moyenne, au Québec, 70 % des élèves du secondaire poursuivent leurs études au collégial. « Je pense qu’il faut que ça augmente », dit aussi Bernard Tremblay.

« Très bonne nouvelle » pour les cégeps : après quelques rentrées sous le signe de la décroissance, notamment en raison de la pandémie, le nombre d’élèves dans les cégeps cet automne est en hausse de 1,4 % par rapport à l’an dernier, selon les chiffres de la Fédération.

C’est dans la région Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine que la hausse est la plus marquée, avec 105 élèves de plus que l’an dernier.

Sur 175 500 élèves inscrits au collégial cet automne, environ 8000 sont des étudiants internationaux, pour la plupart en région. La Fédération des cégeps croit que le Québec pourrait en accueillir facilement le double.