(Québec) Avec 8558 postes d’enseignants non comblés dans les écoles du Québec, la situation est pire que l’an dernier. « J’ai besoin d’aide », affirme Bernard Drainville, qui lance un appel à l’aide aux enseignants retraités et aux diplômés qui ont étudié dans des matières enseignées dans les écoles à venir prêter main forte. À quelques jours du retour en classe, le ministre de l’Éducation n’est pas en mesure de garantir que tous les groupes seront ouverts, avec un enseignant, à temps pour la rentrée.

En mêlée de presse au Parlement, mercredi, M. Drainville a donné une mise à jour des postes non comblés dans les écoles de la province. Ses données, les plus récentes, remontent déjà à la semaine dernière. Ce portrait n’est donc pas à jour, puisque les centres de services scolaires et les directions d’établissement embauchent quotidiennement de nouveaux enseignants dans ce qui est devenu une course contre la montre.

Des 8558 postes non comblés, 1859 sont des postes à temps plein et 6699 des postes temps partiel. Pour obtenir ce portrait, 71 centres de services scolaires (sur 72) ont participé à la collecte de données. L’an dernier à pareille date, il y avait au Québec 5335 postes non comblés (924 à temps plein et 4411 à temps partiel). 57 centres de services scolaires avaient alors fourni leurs données.

« On est dans l’action. Je suis dans un excellent état d’esprit. On se démène comme des diables dans l’eau bénite pour régler ça », a insisté Bernard Drainville. Le premier ministre du Québec, François Legault, a toutefois prévenu qu’il faudra des années avant que la pénurie d’enseignants s’estompe dans le réseau.

« Il n’y aura pas de magie. On ne va pas trouver des enseignants qualifiés, avec un bac ou avec brevet, demain matin. Un bac en éducation, actuellement, ça prend quatre ans, donc on ne peut pas espérer que ça aille vite. Mais on veut un plan au moins pour montrer et puis donner de l’espoir à tout le monde que, sur un certain nombre d’années, on va y arriver, puis on va revenir à la normale », a dit le premier ministre.

Plus de départs que d’arrivées

Depuis quelques années, le gouvernement tente d’améliorer les conditions d’emploi des enseignants (hausse de l’échelle salariale, hausse du salaire à l’entrée, programme de mentorat pour les nouveaux enseignants, incitatifs financiers, retenir des enseignants aux portes de la retraite, etc.). Or, les mesures mises de l’avant jusqu’ici n’ont pas donné tous les résultats escomptés. Le problème est mathématique.

« On a [environ] 3000 retraités qui quittent l’enseignement et 3000 nouveaux diplômés qui rentrent chaque année. Si c’était juste ça, on serait en situation d’équilibre. […] La difficulté, c’est que selon les chiffres que nous avons, on a à peu près 1000 enseignants qui quittent pendant l’année pour toutes sortes de raisons. Donc, on se retrouve avec un solde de 4000 qui sortent et de 3000 qui rentrent. À cause de ce solde négatif, c’est sûr que l’écart se creuse », a expliqué le ministre Drainville.

Le printemps dernier, la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, a également dénoncé que le quart des enseignants au Québec (près de 30 000 sur 110 000) étaient non légalement qualifiés, c’est-à-dire qu’ils ne détenaient pas un brevet d’enseignement.

Bernard Drainville a tempéré ce portrait, mercredi. D’abord, la majorité de ces enseignants non qualifiés qui ont une tolérance d’engagement détiennent un baccalauréat ou une maîtrise, a-t-il dit. Le ministre a également rappelé son intention de leur donner une voie d’accès rapide au brevet, moins longue que la maîtrise qualifiante de deux ans, avec un nouveau programme de 30 crédits.

De plus, même s’ils forment le quart des enseignants de la province, ceux qui sont non légalement qualifiés n’obtiennent que 8 % des heures enseignées, a ajouté le ministre. « Ce sont beaucoup des personnes qui vont venir faire de la suppléance quelques jours », a-t-il dit.

Bernard Drainville divulguera d’ici la rentrée scolaire une nouvelle mise à jour des postes non comblés dans les écoles. « C’est un défi considérable », a-t-il dit, alors qu’il promet depuis quelques jours que chaque enfant sera supervisé dans sa classe par un adulte, plutôt qu’un enseignant, si tous les postes ne sont pas pourvus à temps.