Après avoir été épargnés au début de la pénurie de main-d’œuvre, les cégeps sont maintenant aussi touchés par le phénomène, qu’il s’agisse d’employés de soutien, de professionnels ou de professeurs.

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a fait le point à ce sujet, mercredi, lors de sa traditionnelle conférence de rentrée avant le début des cours.

Et, selon les deux présidents et la présidente de ses trois fédérations, le milieu des cégeps se retrouve également avec des postes affichés qui ne trouvent pas toujours preneurs, des collègues expérimentés qui doivent épauler les nouveaux embauchés en plus de s’occuper de leur propre tâche, des professionnels qui se tournent vers le secteur privé où ils sont mieux payés et des professeurs qui n’ont pas toujours un baccalauréat.

« On a besoin de monde. On n’en parle pas assez des cégeps », a lancé le président de la CSQ, Éric Gingras, aux côtés de ses trois collègues.

« Le ministère lui-même prévoit que dans les 10 prochaines années, il y aura une hausse de plus de 14 % de l’effectif des étudiants dans les cégeps. Donc, non seulement il faut garder le monde qui est là, mais en plus il faudra les encadrer et encore plus dans les prochaines années, dans un contexte aussi où le gouvernement veut mettre l’emphase sur la formation, pour être capable d’avoir du personnel dans l’ensemble des emplois, qu’ils soient privés ou publics », a résumé M. Gingras.

À titre d’exemple, 150 postes de personnel de soutien n’étaient pas encore pourvus, cette semaine, dans le réseau collégial public, alors que certains commencent les activités cette semaine, a relevé Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur, affiliée à la CSQ.

Autre exemple : les professionnels. Un cégep de la région de Montréal employait une centaine de professionnels en 2021 et, durant l’année 2022, il y a eu 76 processus de sélection lancés pour en trouver, a rapporté Éric Cyr, président de la Fédération du personnel professionnel des collèges.

Un autre cégep, cette fois en région, qui employait 55 professionnels, a tenu 23 processus de sélection de personnel en cinq mois à l’automne 2022.

Pour ce qui est des professeurs, un nouveau phénomène est apparu : « on vit un phénomène qu’on ne voyait pas jusqu’à tout récemment, c’est-à-dire qu’on engage des profs qui n’ont pas – habituellement, on demande le bac minimalement, peu importe la spécificité qu’on a – et actuellement, on embauche, dans plusieurs collèges, dont des collèges de centre, pas juste en région, des gens qui n’ont qu’un DEC (Diplôme d’études collégiales) », a rapporté Youri Blanchet, président de la Fédération de l’enseignement collégial.

Améliorer les conditions

Pour les quatre dirigeants syndicaux, la solution passe par une amélioration des conditions de travail de leurs membres pour attirer davantage de personnel.

Les négociations ont cours depuis plusieurs mois avec Québec, tant à la table centrale, en front commun, pour les questions de salaires, de régime de retraite, qu’aux tables sectorielles, pour les questions spécifiques à l’enseignement supérieur, à l’éducation et autres.

Mais l’écart reste énorme entre les parties. Le front commun intersyndical, dont fait partie la CSQ, prévoit une manifestation de plusieurs milliers de membres, le 23 septembre prochain. La tenue d’assemblées générales des membres pour procéder à des votes de grève plane aussi cet automne.

« Avec ce qui est sur la table par le gouvernement, avec nos demandes, c’est sûr qu’il y a une collision qui est à venir. Par contre, on peut l’éviter », a soutenu M. Gingras.