Du Lac-Saint-Jean à l’Estrie, en passant par Laval, l’Abitibi, et l’Outaouais, près d’une vingtaine de forums citoyens seront organisés ce printemps pour discuter du système d’éducation québécois, a annoncé mardi le mouvement citoyen Parlons éducation.

Cette « folle initiative », dont La Presse faisait état lundi, a été mise sur pied il y a deux ans et vient du sentiment qu’il est urgent d’agir en éducation au Québec, ont expliqué mardi les porte-parole en point de presse à Montréal.

Une centaine de personnes bénévoles ont pris part à son élaboration et le projet est soutenu par près d’une trentaine d’organisations, dont des syndicats, mais les organisateurs insistent : Parlons éducation se veut indépendant.

Tous les citoyens du Québec seront invités à participer aux forums qui se tiendront de la mi-mars au début de juin.

« Tout le monde, y compris le premier ministre ! » a lancé Suzanne-G. Chartrand, porte-parole de Parlons éducation. Quant au ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, il sera aussi le bienvenu comme tous les autres citoyens, ont assuré les organisateurs.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Suzanne-G. Chartrand (à gauche) et Jean Trudelle, respectivement porte-parole et coordonnateur de Parlons éducation.

Dans chaque ville où un forum sera organisé, cinq thèmes seront abordés, soit repenser la mission de l’école, construire un système d’éducation équitable pour tous les élèves, encourager l’inclusion sociale et culturelle, valoriser les compétences professionnelles du personnel scolaire et démocratiser le système scolaire québécois.

« Les problèmes, on les connaît pas mal, ils sont plutôt sur la place publique », a déclaré Suzanne-G. Chartrand. Pénurie d’enseignants, surcharge de travail du personnel, vétusté des écoles, a-t-elle notamment énuméré, relevant au passage que « l’éducation, c’est le cœur d’une société ».

« Influencer le gouvernement »

S’il constate que « l’écoute du gouvernement n’est pas là depuis des années », le mouvement souhaite que le nombre de citoyens pèse dans la balance.

« L’écoute va être là s’il y a un rapport de force, s’il y a un point de vue citoyen suffisamment cohérent pour dire : là, ça ne va plus », dit Mme Chartrand, qui assure que les conclusions tirées de la réflexion ne resteront pas « lettre morte ».

« Il y a peut-être plus de consensus qu’on le pense [en éducation] », dit pour sa part Jean Trudelle, coordonnateur de Parlons éducation. Il croit notamment qu’il existe un « consensus social » sur la question de la ségrégation scolaire.

Le mouvement Parlons éducation dit qu’il n’est pas neutre, mais assure qu’il fera la place aux avis discordants, par exemple si un participant souhaitait voir davantage de projets particuliers payants.

« C’est la discussion qui est importante, ce n’est pas imposer quoi que ce soit », dit Suzanne-G. Chartrand. « On n’est pas contre les projets particuliers, mais pourquoi tout le monde n’y aurait pas droit ? », a-t-elle demandé.

Au terme de l’exercice, Parlons éducation espère « influencer le cours des choses et le gouvernement », dit Jean Trudelle. « Ce qui est clair, c’est qu’on ne veut pas arriver avec une liste d’épicerie à la fin. On veut quelque chose de plus global », dit M. Trudelle.

La meilleure façon d’interpeller le gouvernement à la suite des forums citoyens reste à définir, a-t-il ajouté.