Une série de rencontres permettant aux Québécois de discuter de ce qui « ne tourne pas rond » dans le système d’éducation sera organisée au printemps par des organisations citoyennes qui défendent l’école publique. « Parlons éducation » souhaite ainsi pallier « l’inertie gouvernementale ».

Au cours des prochains mois, le projet « Parlons éducation » entend mener une tournée au Québec au cours de laquelle les citoyens seront invités à se prononcer sur divers enjeux qui touchent le milieu de l’éducation. Le lancement officiel aura lieu mardi.

L’initiative est le fait de quatre mouvements, soit Debout pour l’école !, École ensemble, Je protège mon école publique et le Mouvement pour une école moderne et ouverte. Au cours des dernières années, tous ont pris position en matière d’éducation sur la place publique, parfois pour dénoncer les coupes budgétaires, les écoles vétustes ou demander que le gouvernement cesse de financer les écoles privées.

« On trouve qu’il y a une somme incroyable de problèmes dans le réseau public d’éducation et qu’il y a une inertie gouvernementale depuis très longtemps. On a passé 16 ministres de l’Éducation en 20 ans pour un service aussi important. Ça ne tourne pas rond du tout », dit Jean Trudelle, coordonnateur de Parlons éducation.

D’où l’idée d’inviter les Québécois à en parler en tenant des « états généraux citoyens », dit M. Trudelle.

Parmi les sujets qui pourront être abordés, il cite le « marché scolaire qui s’est créé et qu’on laisse grandir depuis 20 ans », dont fait partie le réseau des écoles privées, mais aussi les programmes particuliers des écoles publiques, qui sélectionnent souvent les meilleurs élèves.

« Ça appauvrit d’autant l’école qu’on dit “ordinaire”, ça rend la tâche des enseignants ingrate, voire impossible, et on s’éloigne de la mixité sociale », dit Jean Trudelle, qui a déjà présidé la Fédération nationale des enseignants et des enseignantes du Québec (FNEEQ).

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Le coordonateur du mouvement Parlons éducation et ancien président de la Fédération nationale des enseignants et des enseignantes du Québec (FNEEQ), Jean Trudelle

Parmi les autres thèmes sur lesquels on pourrait se pencher, il cite aussi la grande quantité d’élèves en difficulté dans les classes ordinaires et la qualité du français chez les élèves québécois.

« Pour avoir enseigné au cégep, je l’ai vue : les étudiants arrivent avec une maîtrise déplorable. C’est grave dans une société, parce que c’est garant d’une forme de démocratie : il faut que les citoyens soient capables de lire et de comprendre ce qui se passe », dit M. Trudelle.

Les jeunes discuteront d’une « vision » de l’école publique

Il est aussi prévu d’impliquer les jeunes dans une série de discussions et d’activités, dont les détails seront dévoilés mardi en conférence de presse.

« On a une vision qui est vraiment claire pour les jeunes », dit Dalie Lauzon-Vallières, l’une des porte-parole du volet jeunesse de Parlons éducation. Au cours des dernières années, la jeune femme de 25 ans s’est impliquée dans les mobilisations étudiantes en environnement. Les jeunes, dit-elle, ont à cœur « la justice scolaire ».

On sent que les jeunes qui côtoient les milieux privés ou publics sont très conscients des inégalités du système à trois vitesses. On pourrait être surpris de voir une mobilisation jeunesse qui a à cœur l’équité à l’école.

Dalie Lauzon-Vallières, porte-parole jeunesse du mouvement Parlons éducation

La démocratie scolaire pourrait aussi être à l’ordre du jour des discussions. « Comment permettre aux jeunes d’avoir une voix, un peu plus de place pour prendre des décisions sur le système scolaire et les préparer pour être des citoyens dans une société démocratique », illustre-t-elle.

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La porte-parole jeunesse du mouvement Parlons éducation, Dalie Lauzon-Vallières

L’idée de Parlons éducation, c’est de mettre tous ces sujets « sur la place publique et d’aller rencontrer les gens », dit Jean Trudelle. « On ne se présente pas comme des gens neutres, on présente une vision des choses », ajoute-t-il.

Est-ce que cette initiative ne devrait pas venir de Québec, à l’instar de la Commission des états généraux sur l’éducation tenue en 1995 ?

« Ce serait au gouvernement de faire ça, mais ils ne vont pas le faire », croit le coordonnateur de Parlons éducation.

« On ne sent pas cette volonté de réfléchir à l’avenir de l’école québécoise. Pourtant, depuis 1995, il y a eu des changements sociaux considérables, les attentes ne sont plus les mêmes, les besoins ne sont plus les mêmes », observe M. Trudelle.

Les détails de la tournée québécoise de Parlons éducation seront dévoilés mardi.