(Québec) Dix nouvelles écoles dans l’île de Montréal tardent toujours à se concrétiser deux ans après l’adoption d’une loi censée accélérer leurs mises en chantier.

Adoptée en décembre 2020, la Loi concernant l’accélération de certains projets d’infrastructure (projet de loi 66) avait pour but de placer 181 projets d’infrastructure sur une voie rapide. La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, allégeait les règles concernant, entre autres, les expropriations, les autorisations environnementales et municipales. Elle disait que les délais allaient être écourtés de quelques mois à trois ans.

La Presse rapportait le 2 juin les conclusions d’une Reddition de comptes des projets d’infrastructures accélérés rendue publique par le Conseil du trésor. La moitié des 181 projets étaient alors toujours « en planification » ou « à l’étude », à peu près donc au même stade qu’en 2020. Comme le prévoit la loi, une mise à jour de la Reddition de comptes vient d’être diffusée sans tambour ni trompette. Il y a eu peu de changements alors que 10 projets supplémentaires sont passés à l’étape de la réalisation. Mais 45 % de l’ensemble des projets sont encore « en planification » ou « à l’étude », selon les données au 30 septembre.

Dans le secteur de l’éducation, un seul des 13 projets à Montréal est en cours de réalisation : la construction d’une école secondaire dans l’arrondissement d’Anjou.

Dix nouvelles écoles primaire et secondaire sont toujours en planification : à L’Île-des-Sœurs, dans la Pointe-de-l’Île, à Outremont, à Mont-Royal, sur le site du Grand Séminaire, dans les arrondissements de Saint-Laurent, de Saint-Léonard et de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève.

Par ailleurs, le projet d’agrandissement et de réaménagement de l’école Sophie-Barat demeure au stade de la planification, tout comme la construction d’un bâtiment pour loger le Centre de services aux entreprises.

Minuit moins une

Rappelons que l’ex-ministre de l’Éducation Jean-François Roberge se plaignait des longs délais et voulait que tout projet de nouvelle école se concrétise plus rapidement, en trois ans. Or, il est minuit moins une à Montréal pour que les projets spécialement « accélérés » par la loi puissent se réaliser à l’intérieur d’un tel délai. Les nouvelles écoles toujours en planification sont réclamées depuis des années, bien avant l’adoption de la loi en 2020.

Le nouveau titulaire de l’Éducation, Bernard Drainville, a refusé d’accorder une entrevue. On a dirigé La Presse vers le ministre responsable des Infrastructures, Jonatan Julien. Son cabinet a plaidé que « l’inflation et la pénurie de main-d’œuvre complexifient l’avancement des grands projets d’infrastructures partout à travers la planète ». La loi en elle-même est une « réussite », selon lui.

La moitié de tous les projets au stade de la réalisation sont les 46 maisons des aînés, une promesse électorale de 2018. La livraison de plusieurs d’entre elles, prévue cet automne, a toutefois été retardée d’ici au printemps.

Pendant ce temps, sept projets de reconstruction de CHSLD à Montréal sont toujours en planification (David-Benjamin-Viger, Dorval, Grace Dart, Jeanne-Le Ber, Lasalle, Nicolet et Rousselot).

De nombreux projets dans le secteur des transports sont au même stade, comme « l’amélioration » de l’autoroute 30 entre Brossard et Boucherville que le gouvernement disait pourtant prioritaire. Sans surprise, le REM de l’Est est toujours classé dans la catégorie « à l’étude ».