Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a fait la lumière sur la façon dont la locomotive impliquée dans le déraillement de Lac-Mégantic s'est retrouvée dans des installations ferroviaires des États-Unis, où elle a failli être vendue aux enchères.

Selon l'administrateur en chef des opérations, Jean Laporte, la principale locomotive du sinistre convoi pétrolier a été expédiée au Maine après que l'agence fédérale eut testé son moteur et retiré des composantes essentielles pour son enquête.

«Nous n'avions pas besoin de la locomotive entière», a précisé M. Laporte en entrevue, lundi, à la veille du dévoilement du rapport final du BST sur l'explosion ayant fait 47 victimes.

Le mois dernier, la Sûreté du Québec a dû demander à un créancier du transporteur ferroviaire MMA d'empêcher la vente du véhicule. La SQ a plutôt exigé que la locomotive demeure dans un entrepôt jusqu'à la fin des procédures en matière de justice criminelle.

Mais le fait que la locomotive ait franchi la frontière soulève des inquiétudes. L'avocat de l'ingénieur Thomas Harding soutient que le procès intenté contre son client pour négligence criminelle pourrait se retrouver avec un «grave problème» sur les bras en raison du déplacement de la locomotive.

Me Tom Walsh dit également craindre pour la question de la possession des preuves. La locomotive est entreposée dans un hangar appartenant jusqu'à tout récemment à la MMA, dont la division canadienne et trois de ses employés, dont Harding, sont accusés au criminel en lien avec le déraillement.

Les employés de la société ferroviaire ont amené la locomotive au terrain qui est désormais la propriété de Central Maine and Quebec Railway, qui a acheté MMA.

Le syndic aux États-Unis, qui a supervisé le dossier de faillite de la MMA, a affirmé que les travailleurs faisant face à des accusations criminelles n'avaient rien eu à voir avec le transport de la locomotive dans le Maine puisqu'ils étaient en congé autorisé.

«Il avait été demandé à la compagnie d'en prendre possession, la compagnie a informé le BST exactement où et comment elle allait en disposer, et le BST a accepté», a dit Bob Keach.

«Je ne crois pas qu'il y ait eu quelque chose de malencontreux à propos de son réentreposage», a-t-il affirmé.

Le syndic a indiqué que la locomotive avait été quasiment mise aux enchères le 5 août, après que le créancier de la MMA eut obtenu la permission d'un tribunal de la faillite aux États-Unis.

Il a ajouté que son bureau et l'institution bancaire avaient accepté immédiatement la requête de la Sûreté du Québec de retirer la locomotive de l'encan.

«Leur préoccupation était de la maintenir en tant qu'élément de preuve dans un procès criminel, au cas où la défense demanderait une inspection de la locomotive», a relaté M. Keach.