La Gendarmerie royale du Canada estime qu'elle fait preuve d'initiative dans la traque des prédateurs sexuels canadiens dans le monde.

Le Centre national de coordination contre l'exploitation des enfants (CNCEE) a d'ailleurs été créé en 2004 pour contrer ce fléau. «L'âge de nos victimes oscille autour de 12 ans, mais il peut y avoir des bébés de 3 mois, explique la caporale Mélanie Laroche, du CNCEE.» La police fédérale arrête presque essentiellement des cyberprédateurs en sol canadien, coupables d'avoir téléchargé et échangé du matériel de pornographie infantile.

Mais la GRC assure mener des enquêtes dans des endroits stratégiques à l'étranger. «L'Asie du Sud-Est est un endroit important, il y a beaucoup d'orphelins très vulnérables», souligne la caporale Laroche.

L'Amérique est aussi dans le collimateur de la GRC, notamment le Costa Rica, Haïti, la République dominicaine, la Colombie, le Chili et le Brésil. «La GRC a des agents dans 37 endroits à l'étranger», indique Mme Laroche.

Deux d'entre eux, établis en République dominicaine, couvrent aussi le territoire haïtien. Depuis le séisme de l'an dernier, les touristes sexuels canadiens en République dominicaine peuvent dormir tranquilles puisque les deux agents en ont plein les bras en Haïti. «Ils doivent mettre sur pied une banque de données des nombreux enfants devenus orphelins à la suite du tremblement de terre, explique la caporale. Nous craignons une recrudescence du trafic d'humains vers la République dominicaine.»

Si démasquer les touristes sexuels semble un jeu d'enfant, la GRC souligne qu'une enquête est toujours complexe. Il faut accumuler de la preuve tout en respectant les lois en place avant de penser à rapatrier un délinquant canadien. «Dans un monde idéal, nous aurions plus de ressources financières et humaines», admet Mme Laroche.

En République dominicaine, la GRC constate aussi que les victimes sont surtout des adolescentes qui ont baigné toute leur vie dans la prostitution au contact des touristes dits situationnels, convaincus qu'ils ne font rien de mal. «Il y a certainement un manque d'éducation. Même si ça semble la norme, c'est illégal, et l'ignorance n'est pas une excuse», avertit la caporale.