L'ex-président du comité exécutif de Montréal Frank Zampino nie catégoriquement avoir reçu et ensuite caché, en 2004, un rapport embarrassant concernant le coût élevé des travaux de construction dans la métropole. Le maire Michael Applebaum, qui assure que l'enquête du contrôleur général prouve le contraire, s'est engagé à rendre publics les résultats de l'investigation d'ici les vacances des Fêtes.

Le maire intérimaire a dévoilé lundi la principale conclusion de l'enquête du contrôleur Alain Bond sur le cheminement du fameux rapport, qui dévoilait dès 2004 que Montréal payait ses travaux de «30% à 40%» trop cher. Les recherches réalisées depuis deux mois corroborent la version de l'ex-maire Gérald Tremblay, qui affirme ne jamais avoir obtenu le document à l'époque et en avoir appris l'existence seulement en octobre dernier. En fait, l'étude aurait été remise seulement à Frank Zampino et à Robert Abdallah, ex-directeur général de Montréal.

Faux, rétorque l'ex-président du comité exécutif, actuellement accusé de fraude dans le scandale du Faubourg Contrecoeur. «Contrairement aux affirmations publiées, ce rapport n'a jamais été remis à M. Frank Zampino», a écrit son avocat, Me Claude-Armand Sheppard, dans un communiqué publié hier soir.

L'ancien bras droit de Gérald Tremblay affirme que le rapport ne lui a jamais été remis par Guy Hébert, actuel directeur général de Montréal, qui était alors directeur du Service de l'approvisionnement. C'est dans ce service que le document a été rédigé, au début de 2004.

L'avocat de Zampino affirme que Guy Hébert n'a jamais fait allusion à cette étude dans ses recommandations pour engager une firme privée, Macogep, pour mieux évaluer le coût des travaux. «S'il y avait eu occultation du rapport du groupe de travail externe, qui donc a caché quoi à qui?», en vient à demander Me Sheppard.

Une décision d'août 2004, obtenue par La Presse, précisait simplement que «la Ville est appelée à procéder à de nombreux travaux en matière de construction» et que l'embauche d'une firme externe permettrait de «mieux connaître et contrôler les coûts». Le document ajoutait également qu'une meilleure évaluation permettrait de «contenir la surenchère des marchés», sans détail supplémentaire. Le cheminement du rapport de 2004 est important, puisqu'il s'agirait de la toute première sonnette d'alarme tirée à la Ville sur le coût élevé des travaux de construction. Or, il aura fallu huit ans avant que son existence soit rendue publique - bien après l'éclatement du scandale de la collusion et de la corruption dans l'attribution des contrats à Montréal.

Un rapport rendu public

Un volumineux rapport sur l'enquête du contrôleur concernant le cheminement du rapport doit être présenté aujourd'hui au comité exécutif, à huis clos. Le maire s'est engagé à en rendre la plus grande partie publique d'ici les Fêtes, mais il veut éviter de nuire à une éventuelle enquête policière ou à des poursuites. Michael Applebaum n'écarte pas l'idée de transmettre aux «autorités compétentes» les résultats de l'enquête.

En attendant son procès pour le scandale du Faubourg Contrecoeur, Frank Zampino a également été éclaboussé par la commission Charbonneau cet automne. Elio Pagliarulo, un ancien proche de l'entrepreneur Paolo Catania, a notamment affirmé avoir personnellement livré d'importantes sommes destinées à l'ex-président du comité exécutif, dont un paiement de 100 000$ au club privé 357c. Les banques de données de l'établissement rendues publiques révèlent que Frank Zampino a rencontré Paolo Catania à 18 reprises depuis 2005.