Le maire de Westmount, Peter Trent, et l'Association des municipalités de banlieue sont partagés entre colère et stupéfaction après que Gilles Vaillancourt, éclaboussé par des allégations de corruption, eut été reconduit au comité de direction de l'Union des municipalités du Québec (UMQ).

Une «promotion» que Peter Trent digère mal, tout comme les commandites des firmes de génie-conseil au récent congrès des maires québécois.

«Dans le climat actuel, il faut être plus catholique que le pape, a dit Peter Trent à La Presse. C'est un exemple clair que ces élus n'ont rien compris au message des citoyens. C'est avec des gestes que l'on fait de la politique, pas avec des mots. M. Vaillancourt fait l'objet d'une enquête de la police, il doit se retirer.»

Mercredi dernier, au cours des assises de l'UMQ, le maire de Laval a conservé son siège, qui lui revient d'office. Il a fait une courte apparition au congrès jeudi, notamment au déjeuner, où il était assis à la table d'honneur, avant de filer rapidement, poursuivi par les caméras de télévision.

En février dernier, Peter Trent et ses collègues de l'Association des municipalités de banlieue avaient protesté contre le fait que Gilles Vaillancourt siégeait toujours au conseil de l'UMQ malgré les révélations de l'ex-député bloquiste Serge Ménard, puis du député libéral Vincent Auclair. Les deux élus affirmaient que le maire de Laval leur avait proposé à chacun une enveloppe d'argent liquide lors d'une campagne électorale.

Les maires des villes défusionnées de Montréal avaient signifié qu'ils refuseraient de siéger au comité de direction de l'UMQ tant que le maire de Laval ne se retirerait pas de ses fonctions. «Tous les membres du CA doivent faire preuve d'un comportement exemplaire, aucun soupçon d'acte irrégulier ne peut peser sur eux», avaient-ils écrit dans une lettre adressée au président de l'UMQ, Éric Forest. Peter Trent dit que leur position n'a pas changé.

Interrogé à ce sujet vendredi dernier, Éric Forest a indiqué à La Presse qu'il était «à l'aise» avec la réélection de Gilles Vaillancourt: «M. Vaillancourt a eu le respect de démissionner de son rôle de porte-parole de l'UMQ lorsqu'il y a eu ces allégations. Nous sommes à l'aise avec son statut actuel. S'il fallait démissionner à la moindre allégation, on pourrait fragiliser tout notre système démocratique.»

Peter Trent affirme par ailleurs qu'il a toujours éprouvé un malaise à l'idée que l'UMQ obtienne des commandites de firmes qui font affaire avec les municipalités. Les firmes Roche et Dessau, visées par des enquêtes de police, étaient partenaires du congrès de l'UMQ. Dessau a même offert une soirée-cocktail «inoubliable» aux élus. «L'UMQ ne peut-elle pas payer les repas?», se demande M. Trent. Au passage, il lance une pique contre les cours d'éthique que les maires devront suivre à l'initiative du ministre Laurent Lessard: «C'est de la frime!»

À ce jour, Gilles Vaillancourt n'a toujours pas intenté de poursuite contre Serge Ménard, contrairement à qu'il avait indiqué en novembre dernier. Peter Trent a quitté son siège de l'UMQ au mois de novembre 2010 après que La Presse eut révélé que des entrepreneurs qui avaient des contrats avec la Ville de Saint-Jérôme avaient réalisé des travaux dans la maison de Marc Gascon, maire de cette ville des Laurentides et alors président de l'UMQ.

Selon M. Trent, l'UMQ, privée de Québec, de Montréal et de ses villes de banlieue, est devenue une «union des petites villes sans rayonnement international».