Malgré l'ouverture qu'ont montrée les libéraux sur la question cette semaine, le premier ministre Stephen Harper semble fermer la porte à la possibilité de laisser des soldats canadiens en Afghanistan après 2011.

En visite en France, M. Harper a répondu aux propos tenus plus tôt cette semaine par le député libéral Bob Rae, qui avait indiqué que le comité sur l'Afghanistan pourrait explorer un scénario selon lequel le Canada conserverait une présence militaire sur le terrain, après la fin de la mission de combat, pour aider à la formation des forces de l'ordre afghanes.

 

Les députés de la Chambre des communes ont adopté en 2008 une motion selon laquelle le travail des soldats canadiens en Afghanistan doit se terminer l'année prochaine.

«Notre position est claire: nous planifions la fin de la mission militaire en Afghanistan à la fin de 2011, selon la résolution parlementaire de 2008, et la transition de cette mission vers une mission civile de développement et d'aide humanitaire», a réitéré le premier ministre Harper hier. Il a toutefois ajouté qu'il «notait» les propos du député libéral «avec un certain intérêt».

Le dossier a rebondi au Parlement après que les membres du comité parlementaire sur la mission canadienne en Afghanistan sont allés constater le travail des soldats sur le terrain, plus tôt cette semaine.

«Ça fait des mois et des mois qu'on demande au gouvernement de discuter ouvertement des options, de proposer des options, a souligné hier le député libéral Dominic Leblanc. Est-ce que, en effet, il devrait y avoir une présence canadienne? Est-ce que les soldats peuvent entraîner, faire de la formation? Est-ce que c'est la GRC? C'est une discussion qu'on devrait avoir.»

M. Leblanc estime que le gouvernement «manque de leadership» dans ce dossier.

«La confusion conservatrice règne au sujet de la mission canadienne en Afghanistan, a dit le député néo-démocrate, Paul Dewar. Le premier ministre dit que ce sera terminé après 2011 et que le gouvernement respectera la motion du Parlement. Mais son secrétaire parlementaire, Laurie Hawn, songe à un prolongement de la mission.»

«Le gouvernement n'a pas de plan», a-t-il ajouté, réitérant la position du NPD, qui veut mettre fin à la mission militaire.

L'opposition réclame un débat en Chambre sur le rôle du Canada en Afghanistan après 2011.

Le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, s'est inquiété hier du fait que M. Harper dise trouver «intéressante» l'ouverture de certains députés à l'idée de maintenir des soldats en place après 2011.

«Pour nous c'est exclu, a rétorqué M. Paquette. Donc on va maintenir la pression parce que je pense que si la porte s'entrouvre un peu, le gouvernement conservateur et M. Harper pourraient très bien revenir à la charge avec une présence militaire après juillet 2011.»

Son collègue le député Claude Bachand, qui était du voyage en Afghanistan, est aussi d'avis qu'il est temps d'avoir un débat en Chambre sur le rôle du Canada lorsque les soldats auront quitté le pays. «La fin de la mission approche à grands pas, il faut se brancher. C'est toujours mieux quand c'est une décision du Parlement plutôt que de l'exécutif», a souligné M. Bachand.

Par ailleurs, une semaine après la date d'échéance fixée par les parlementaires pour parvenir à une entente sur la divulgation des documents concernant les détenus afghans, le gouvernement et l'opposition n'ont pas encore mis au point les détails d'un accord satisfaisant pour toutes les parties. Devant le manque d'empressement des conservateurs à régler la question, le NPD et le Bloc québécois menacent d'accuser le gouvernement d'outrage au Parlement si l'entente n'est pas prête à la fin de la semaine prochaine.