Les soldats canadiens qui luttent contre l'insurrection talibane dans le sud de l'Afghanistan ont tué quatre civils l'an dernier, selon des données militaires obtenues par La Presse Canadienne.

Les décès se sont tous produits lors d'incidents ayant nécessité un recours à la force. Les documents font état de trois incidents du genre ayant fait quatre victimes. Dans tous les cas, affirment par contre les documents, une enquête a déterminé que les règles d'engagement avaient été respectées.

Le Service national des enquêtes des Forces armées canadiennes (SNEFC), une division de la police militaire, n'a fourni aucun autre détail concernant ces incidents.

En vertu des règles d'engagement, les soldats canadiens doivent tout d'abord tenter de résoudre une situation potentiellement dangereuse à l'aide de méthodes non mortelles.

«Le Canada fait tous les efforts raisonnables possibles pour assurer la sécurité des civils afghans», peut-on lire dans le document. «Malheureusement, la stratégie des talibans consistant à se cacher parmi la population rend difficile d'éliminer complètement les risques pour les civils.»

En dépit de demandes multiples, l'armée n'a pas fourni de chiffres concernant le nombre de civils qui ont été blessés en raison d'actions des soldats canadiens. Une source a toutefois évoqué de nombreux blessés, dont certains lors d'accidents de la circulation impliquant des véhicules canadiens.

Dans au moins un cas, une adolescente de 14 ans a été grièvement blessée à Kandahar, apparemment après qu'un soldat canadien eut tiré un coup de semonce.

Les enquêtes concernant les cas de recours à la force dans lesquels des civils ont été tués ou subi de graves blessures incombent au SNEFC.

En 2009, 32 soldats et un civil canadiens - Michelle Lang, journaliste du Calgary Herald -ont été tués, la plupart victimes d'engins explosifs improvisés. Des dizaines de soldats ont également été blessés.

Des données compilées par l'Organisation des nations unies font état de 2412 civils qui ont perdu la vie en Afghanistan en 2009, une hausse de 14 pour cent en un an. Ce bilan fait de 2009 l'année la plus meurtrière pour la population afghane depuis la chute du régime des talibans, en 2001.

L'insurrection menée contre le gouvernement afghan a été montrée du doigt dans 67 pour cent des cas de décès; 596 victimes étaient des soldats de la coalition internationale, soit 25 pour cent.

La mort de civils est devenue source de colère grandissante en Afghanistan, ayant récemment donné lieu à des manifestations et naissance à de vives critiques contre le président Hamid Karzaï. Elle est également devenue une source majeure d'inspiration pour la propagande des insurgés.

La plupart des morts imputables aux forces de la coalition sont attribuables à des frappes aériennes américaines. Le Canada n'effectue pas de bombardements aériens.

Mardi, un officier de l'armée américaine a affirmé que le général Stanley McChrystal, à la tête des troupes de la coalition en Afghanistan, envisageait de resserrer les règles pour les raids de nuit. Ce type d'opération militaire est devenu le principal motif de plaintes de la part des Afghans, après que le général McChrystal eut restreint, l'année dernière, les frappes aériennes et l'utilisation d'autres armements.