Il ne restera plus de soldat canadien en Afghanistan après le mois de juillet 2011, a appris La Presse.

Le gouvernement Harper rapatriera toutes les forces de combat canadiennes, comme le prévoit la résolution adoptée par la Chambre des communes en 2008. Mais il ira plus loin que prévu en fermant la porte à une présence militaire d'ordre humanitaire. Tout au plus, le Canada laissera des employés civils poursuivre le travail de reconstruction et de diplomatie.

Depuis 2008, le Canada a doublé le nombre de travailleurs civils en Afghanistan (il y en a 150 en tout en ce moment) pour mener à bien les efforts de reconstruction, de développement et de diplomatie.

«L'intention du premier ministre est de ramener au pays tous les soldats. Seuls des travailleurs civils resteront en Afghanistan», a confié une source gouvernementale.

Voilà qui explique pourquoi Stephen Harper ou ses ministres n'ont guère sourcillé quand le chef d'état-major des Forces canadiennes, le général Walt Natynczyk, a annoncé dans deux entrevues qu'il avait commencé à planifier le retrait complet des troupes. Dans une première entrevue accordée au quotidien Ottawa Citizen au début du mois, le grand patron des Forces armées a affirmé qu'il avait demandé en août à ses commandants de planifier le retrait, un travail qui s'étendra sur plusieurs mois et qui coûtera plus d'un milliard.

«La motion stipule que la mission militaire doit prendre fin en juillet 2011 (...). Nous, dans les Forces armées, nous effectuons des missions militaires», a déclaré le général Natynczyk.

Le Parti libéral, le Bloc québécois et le NPD ont réagi avec stupéfaction aux propos du général Natynczyk. Selon eux, il incombait au gouvernement Harper d'annoncer cette nouvelle aux Canadiens. Ils ont réclamé un débat aux Communes afin de discuter du rôle du Canada en Afghanistan après 2011.

Dans le passé, M. Harper a exprimé le souhait que les forces afghanes, formées par les soldats canadiens, puissent elles-mêmes assurer la sécurité dans la région de Kandahar, mais plusieurs observateurs doutent qu'elles soient en mesure de relever seules ce défi dans deux ans.

Selon ce qu'a pu apprendre La Presse, les généraux des Forces armées ont fait savoir il y a quelques mois au gouvernement qu'ils aimeraient continuer la mission au-delà de 2011.

Le gouvernement Harper a déjà évoqué la possibilité de maintenir un certain nombre de soldats en Afghanistan dont la mission serait davantage axée sur la reconstruction et le travail humanitaire. Interpellé à ce sujet mardi aux Communes par le député du NPD Jack Harris, le ministre Peter MacKay a affirmé : «En ce qui concerne les opérations de combat, elles prendront fin en 2011. Le premier ministre l'a dit clairement.»

Des notes destinées au ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, que La Presse a obtenues grâce à la Loi sur l'accès à l'information, démontrent que le gouvernement Harper a décidé de la suites des choses en Afghanistan après 2011. «Nous avons accepté de prolonger une mission militaire difficile dans le sud de l'Afghanistan, (...) celle-ci se terminera en 2011. L'Afghanistan demeurera une priorité au chapitre du développement, de la reconstruction et de la diplomatie, même après la fin de notre mission militaire», affirme-t-on dans ces notes.

Le ministre Cannon sera à Kaboul aujourd'hui, pour la cérémonie d'investiture du président Hamid Karzaï, déclaré vainqueur des élections après le retrait au deuxième tour de son opposant, Abdullah Abdullah.

- Avec William Leclerc