Un soleil trompeur inondait la Montérégie mardi alors que le niveau de l'eau continuait de monter, un mouvement à la hausse qui devrait se poursuivre jusqu'à mercredi.

Le coordonnateur gouvernemental de l'Organisation de la Sécurité civile, Guy Laroche, a imputé une part de ce gonflement des eaux aux vents du sud qui devaient se lever mardi après-midi sur le lac Champlain, causant la formation de vagues.

Il s'attend ainsi à ce que l'eau s'approche encore une fois des niveaux records du 6 et du 23 mai. Heureusement, les experts s'attendent à une stabilisation du niveau mercredi et, la météo aidant, à une baisse graduelle par la suite.

Pendant ce temps, un effort d'aide colossal s'organise. Les deux grandes organisations municipales ont ainsi demandé à leurs membres de mettre la main à la pâte.

«On a lancé un appel vraiment spécial aux municipalités qui sont dans un rayon où on peut déplacer notre monde,» a indiqué le président de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), Éric Forest, qui s'était rendu à Saint-Jean-sur-Richelieu à l'invitation du ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, mardi.

«On leur demande de disponibiliser des hommes, de la machinerie, de l'outillage, de les déplacer ici. Même, à la limite, d'arriver ici avec leur lunch pour ne pas que l'organisation locale (...) ait à se soucier de cela,» a-t-il expliqué.

De plus, on sollicite également les muncipalités plus éloignées, a confirmé son collègue Richard Lehoux, vice-président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM).

«L'ensemble des municipalités ne sont pas toutes à proximité pour pouvoir venir donner un coup de main physiquement mais ce que l'on demande à l'ensemble des municipalités, c'est d'apporter un soutien financier.»

Pour sa part, la Sécurité civile se prépare à coordonner l'arrivée massive de bénévoles les 11 et 12 juin et s'assurer que leur déplacement ne soit pas peine perdue.

«On veut éviter d'avoir du monde ici à ne rien faire et c'est pour ça que, cette semaine, nous avons un marathon de rencontres avec tous les organismes qui veulent fournir des bénévoles», a expliqué Guy Laroche. «On regarde ce qu'ils offrent vraiment, quelles sont les capacités qu'ils apportent, s'il y a de l'encadrement, des véhicules, du matériel.»

Lundi, plus de 8000 personnes s'étaient inscrites à la Grande Corvée organisée par SOS Richelieu, une affluence réconfortante mais difficile à gérer, notamment sur le réseau routier local.

«Il y a une façon d'organiser» a fait valoir le ministre Lessard. «Est-ce que ces gens ont mangé? On invite le monde à apporter leur lunch pour éviter de se retrouver à fournir de l'alimentation en plus. Imaginez tous les besoins accessoires. Ce qu'on veut, c'est aider et non pas avoir à se faire aider alors qu'on veut aider,» a-t-il plaidé, en invitant les organisateurs de festivals, de déplacements de groupes à se joindre aux volontaires.

Pour sa part, la chef péquiste, Pauline Marois, a déposé en Chambre un projet de motion visant à amener l'Assemblée nationale à demander au gouvernement Harper de revenir sur sa position quant au rôle joué par les Forces armées en Montérégie.

Son geste vise à faire en sorte qu'Ottawa donne le feu vert à l'armée pour qu'elle participe à l'opération de nettoyage rendue nécessaire à la suite des dommages causés par les inondations des dernières semaines.

Le premier ministre Jean Charest ne s'est pas prononcé sur la question comme telle, mais a dit qu'il souhaitait que les Forces se servent de leur «gros bon sens» et exercent leur jugement, en faisant preuve de flexibilité, pour venir en aide aux sinistrés le temps requis.

Le libellé de la motion a été pris en délibéré.

Pas encore de reintégration

La Sécurité civile reconnaît qu'il faudra beaucoup plus qu'un week-end pour faire le ménage dans la région d'autant plus que l'inondation est encore loin d'être terminée.

D'après les spécialistes, le retrait complet des eaux des zones habitées pourrait en effet prendre au moins deux semaines, si aucun événement ne fait dérailler le processus.

Bien que la réintégration ne soit pas encore envisageable à court terme, particulièrement pour les riverains, le ministre Lessard a indiqué que l'on est à analyser la question de l'occupation du territoire en zone inondable.

«Il y a des propositions. On l'aborde avec ouverture. Peut-on se construire autrement, avec un solage plus haut, en zone inondable? C'est une approche, a-t-il expliqué. Il faut que l'information soit bien colligée, que ce soit bien documenté et que l'on connaisse par la suite les conséquences à court, à moyen et à long terme.»

Il a fait valoir qu'au-delà de la capacité de reconstruire, plusieurs familles pourraient être confrontées à des refus non seulement des autorités gouvernementales mais aussi des assureurs ou des prêteurs hypothécaires, ce qui aura un impact sévère sur certains.

«Les gens qui, à tous les jours, transbordent leur manger à la maison et qui regardent les enfants et se disent: demain, est-ce que notre bien sera encore là? C'est à cela qu'on aura à répondre tous ensemble. Quel est l'avenir que l'on donnera aux familles?»