Carole Devault était-elle une simple informatrice ou un agent provocateur?

À en croire Julien Giguère, son superviseur à la Section antiterroriste de la police de Montréal pendant la crise d'Octobre, l'apport de Carole Devault a été capital. «C'est elle qui nous a permis de confirmer l'endroit où se trouvait James Cross», peu après que la GRC eut cerné l'appartement de la rue des Récollets, le 3 décembre 1970.

Après la crise, l'indicatrice a continué à jouer un rôle crucial, soutient M. Giguère. «D'autres felquistes cherchaient à poursuivre la lutte violente. Grâce à Devault, on a démantelé un tas de cellules en formation. On a écrasé les intentions de ces individus.»

Cette version de l'histoire est loin d'être partagée par tout le monde. Plusieurs estiment que Carole Devault a plutôt créé de toute pièce un «faux FLQ» téléguidé par les autorités policières.

«Pendant deux ans, Carole Devault n'a cessé de me harceler pour relancer des actions illégales, maintient l'ancien felquiste Robert Comeau. La police a crée un faux FLQ, de façon à justifier les moyens de répression, à augmenter ses budgets et à discréditer l'option souverainiste. Elle a instrumentalisé la crise.»

Cette thèse est étayée dans le rapport de la commission Keable, qui a enquêté sur les agissements des policiers pendant cette période trouble. «Bien loin de préserver l'ordre public, leur action n'a eu pour effet que d'accentuer le désarroi du public par rapport à la résurgence du terrorisme après la crise d'Octobre 1970», conclut le rapport publié en 1981.

Carole Devault nie avoir écrit de faux communiqués, encore moins avoir fomenté des actes terroristes. «On ne peut pas accepter que la vérité soit aussi simple. Alors on échafaude des théories du complot...»