L'enquête menée sur les deux policiers relevés de leurs fonctions n'a rien à voir avec leur travail quotidien. Elle porte plutôt sur les projets immobiliers de l'entreprise familiale, apparus sur le radar de l'escouade Marteau, a appris La Presse.

Mercredi, un policier du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a été «déplacé administrativement», tandis qu'un autre de la Sûreté du Québec a été suspendu avec solde. Les deux corps de police ne veulent pas confirmer les noms des policiers, précisant que l'enquête n'est pas terminée et qu'il s'agit d'allégations et non d'accusations.

Toutefois, plusieurs sources ont indiqué à La Presse qu'il s'agit du commandant du SPVM, François Bouffard, et de son frère, le sergent détective Francis Bouffard, membre de la SQ.

Les deux policiers font chacun de leur côté l'objet d'une enquête interne, a-t-on appris. L'enquête porterait sur des allégations criminelles et non disciplinaires, selon deux sources. Elle concerne l'entreprise familiale.

L'Unité permanente anti-collusion (UPAC), de qui relève l'escouade Marteau, n'intervient pas dans ce dossier, a précisé la porte-parole Nathalie Pitre. Nos sources nous indiquent cependant que les informations transmises aux divisions des affaires internes des deux corps policiers proviennent de l'escouade Marteau. L'organisme n'enquêtait pas sur les deux frères, mais leurs noms sont apparus dans le cadre d'une autre affaire.

François Bouffard a une vingtaine d'années de service. Jusqu'à jeudi dernier, il était le commandant responsable des produits de la criminalité à la division du crime organisé du SPVM. Il avait récemment remplacé Alain Thibault, réaffecté à des tâches administratives après avoir été accusé d'avoir produit de fausses déclarations aux douanes, en lien avec la valeur de deux véhicules récréatifs qu'il tentait d'importer des États-Unis.

Mascouche

François Bouffard et son frère, Francis, sont les actionnaires d'une entreprise familiale qui travaille dans l'immobilier, notamment dans la vente de terrains lotis. Ils sont actionnaires de l'entreprise avec leur père, Samuel Bouffard. L'homme d'affaires a pris sa retraite en 2000 après avoir travaillé pendant 22 ans aux travaux publics de la ville de Mascouche. Il s'occupait notamment de préparer les devis pour les appels d'offres à la Ville, avait-il dit au journal local La Revue, qui a fait un portrait de lui en 2001.

L'un des projets bien connus de la famille Bouffard a été réalisé à Mascouche, aux abords du terrain de golf. Lors du lancement du projet, en juillet 2007, le maire Richard Marcotte avait félicité la famille Bouffard pour son projet, se disant «fier de voir des promoteurs, telle la famille Bouffard», soutenir la Ville dans la création de quartiers près du centre-ville.

Richard Marcotte, rappelons-le, a suscité la grogne des citoyens de Mascouche, au cours des derniers mois, après des allégations de corruption révélées par Radio-Canada. L'escouade Marteau a été mise à partie, notamment après que La Presse eut révélé que la Ville versait 650$ à un ami du maire pour faire déneiger chaque borne-fontaine, soit 10 fois plus cher qu'ailleurs au Québec.

La Presse a tenté de joindre François et Francis Bouffard, sans succès. La SQ et l'UPAC n'ont pas voulu faire de commentaires. «On est loin d'accusations pour le moment. Il faut être prudent», a rappelé de son côté Ian Lafrenière, porte-parole du SPVM.